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Après un titre comique qui annonce les aventures d'un géant, le prologue (l'ouverture, l'introduction) nous met en garde contre le danger de juger les hommes sur la seule apparence, en prenant exemple sur Socrate (le fameux philosophe grec du IV° siècle avant J.C, le maître de Platon), très laid physiquement mais l'esprit plein de sagesse. Les lecteurs de Gargantua doivent imiter le chien qui brise l'os pour en goûter la moelle intérieure. Le livre en apparence comique et facile, recèle cependant un sens caché, supérieur. Le prologue s'achève sur la notion d'inspiration de l'écrivain, puis sur une invitation à boire gaiement.
Le sujet : ce roman comporte quatre grands épisodes distincts :
A/ l'enfance de Gargantua
B/ son éducation
C/ la guerre
D/ l'abbaye de Thélème.
C'est le plan habituel des romans de chevalerie où l'on distingue l'enfance, les exploits du chevalier, et enfin l'entrée en religion du héros.
A/ L'enfance chapitre 1 à 13
Un livret contenant la généalogie de Gargantua a été découvert, et maître Alcofribas Nasier, anagramme (mot composé des mêmes lettres qu'un autre mais disposées dans un ordre différent) de François Rabelais, est désigné pour traduire ce livret et raconter la vie du géant. Le récit débute de façon comique : Gargantua nait au bout de onze mois (!) de l'oreille gauche de sa mère, et l'auteur-narrateur amuse alors le lecteur par des réflexions théologiques et juridiques sur la grossesse et sur la foi. Le père du géant, Grandgousier, le nomme aussitôt Gargantua en disant : "Quel grand tu as !" (sous-entendre le gosier), parce qu'il réclame immédiatement à boire. Alcofribas décrit ensuite ses vêtements, et discute sur la signification symbolique des couleurs de cet habit, en soulignant l'analogie (la ressemblance) entre le blanc et la joie, entre le bleu et "les choses célestes". Il énumère ses jeux d'enfant, insiste sur sa ruse et son intelligence, qui lui permet d'inventer le meilleur "torche-cul" !
B/ L'éducation chapitre 14 à 24
Grandgousier confie l'éducation de son fils aux meilleurs professeurs, Thubal Holoferne et Jobelin Bridé ; leur enseignement est désastreux et Gargantua reste muet et honteux devant le discours d'un jeune précepteur nouveau, Eudémon. Gargantua est lors envoyé à Paris et confié au pédagogue (précepteur, celui qui dirige l'éducation) d'Eudémon, le sage Ponocrates. Après un voyage sur sa grande jument, le géant arrive à Paris (...)
[...] La personnalité de Rabelais est complexe et ambiguë. Sa vie est mal connue. Savant et diplomate, il est allé en ambassade à Rome avec le cardinal Jean du Bellay, cousin du poète Joachim du Bellay, l'auteur fameux du recueil de poèmes intitulé Les Regrets On pense qu'il est né à Chinon, près de Tours, dans une ferme appelée La Devinière, (que l'on visite aujourd'hui), où il a passé son enfance. Il connaissait le latin, le grec, toutes les sciences de son temps, et il avait parmi ses connaissances, le grand humaniste (voir le sens de ce mot plus loin), Guillaume Budé, proche du roi François . [...]
[...] Durant ce temps, Grandgousier s'interroge sur les raisons d'un comportement si agressif de Picrochole, jadis son ami. Le père de Gargantua décide, avec ses conseillers, d'envoyer un ambassadeur à Picrochole afin de rétablir la paix. Ce dernier, mal conseillé, veut conquérir le monde. Heureusement Gargantua fait des prouesses et écrase l'ennemi. La guerre se poursuit ; Frère Jean des Entommeures fait un grand massacre d'ennemis et dirige l'assaut final. Avant l'assaut, Grandgousier adresse aux pèlerins un discours sur les superstitions populaires et les inconvénients des pèlerinages. Picrochole est vaincu et s'enfuit. [...]
[...] L'énumération est très fréquente aussi ; se rappeler la multitude énorme des torche-culs cités par Gargantua avant de découvrir torche-cul idéal ! le rire du géant Le recours à un géant crée un comique qui repose sur le décalage des proportions ; tout est proportionnel à sa taille immense, et Grandgousier prend les boulets de canon dans les cheveux de Gargantua pour des poux chapitre 37 ; le géant confond les pèlerins cachés dans sa salade avec des escargots il arrose et noie les Parisiens de son urine, comme de simples fourmis ! [...]
[...] Ses romans : Pantagruel (1532), Gargantua (1534), Le Tiers Livre, Le quart Livre, le Cinquième livre. On peut distinguer trois vocations dans sa vie ; L'homme d'église Moine durant douze ans, d'abord de l'ordre de Saint François (les franciscains) puis de l'ordre de Saint Benoît (les bénédictins), ceci explique la culture théologique (étude de la nature de Dieu, de ses attributs, de sa fonction) de ses romans. Il fut secrétaire d'un évêque, et étudia aussi le droit. Le médecin L'humaniste du siècle est un écrivain, un savant, qui veut revenir à l'étude des textes grecs et latins de l'Antiquité, afin de manifester par là les capacités de l'homme à comprendre le monde et à le maîtriser. [...]
[...] Mais qu'il soit populaire ou savant , le comique de Rabelais veut distraire et remonter le moral des hommes. De même le pèlerin Lasdaller (littéralement, las d'aller, fatigué d'avancer, de voyager), avec ses amis, est le résultat de la superstition populaire ; l'église de l'époque entretient cette crédulité parce qu'elle en retire des bénéfices. La cible la plus dangereuse de Rabelais est la Sorbonne , la toute puissante faculté de théologie de Paris ; François lui a accordé jadis de nombreux droits, dont l'indépendance ; elle est établie dans le Quartier latin, où l'autorité royale doit s'imposer par la force. [...]
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