[...]
1) l'ironie de la "règle" : L'abbaye de Thélème apparaît extrêmement novatrice puisque son nom signifie "désir", mot qui apparaît aussi ligne trois. Ce désir s'oppose au voeu que devait faire tout novice, et l'utilisation du mot "réglés" dans le titre est ironique puisque sa connotation religieuse est évidente. La seule "clause", "Fais ce que tu voudras", est mise particulièrement en évidence dans le second paragraphe par l'utilisation d'un alinéa et d'une typographie différente. Son caractère paradoxal est largement souligné dans le texte, avec l'utilisation du mot "liberté", à deux reprises, et de tout un champ lexical qui exprime celle-ci ; ainsi les élèves agissent "selon leur vouloir et libre arbitre", ils se lèvent "quand bon leur sembl[e]". Le caractère hyperbolique du début de la première phrase, "Toute leur vie", ainsi que les parallélismes de la seconde donnent un aspect insistant et presque comique à cette règle "établie" par le géant, et pourrait faire croire à une institution où règne une totale anarchie. Le premier paragraphe possède ainsi un caractère surprenant et quelque peu provocateur.
2) l'esprit réformateur : mais si la règle de Thélème repose sur une philosophie bien singulière, l'auteur s'empresse de préciser sa pensée aussitôt après avoir énoncé la célèbre clause ; en effet, pour Rabelais, la contrainte ne génère que le "vice" et l'ignorance alors que la liberté produit la "vertu" et l'intelligence, car pour lui l'homme a la faculté de discerner le bien du mal. Ainsi dans cette institution les moines organisent leur vie comme ils le souhaitent, mais sans abuser de cette totale indépendance. Alors qu'elle paraissait sans limites, tant les tournures négatives sont nombreuses pour rejeter les règles canoniques de l'éducation monacale, et que l'on voit ces moines et ces moniales avoir la possibilité de sortir ensemble pour certaines activités et même à la fin de sortir définitivement du couvent pour se marier, on se rend compte que les élèves n'en abusent pas et sont capables d'organiser néanmoins une vie honnête, riche et harmonieuse. Tout ceci s'inscrit bien dans un esprit réformateur propre à cette époque (...)
[...] Il rejette ces "lois, statuts et règles", et en utilisant cette énumération, il ironise sur le fait qu'elles sont très nombreuses. Il pense que la "servitude" est un "joug". Tout ce qui est évoqué de la vie monacale de l'époque l'est par des tournures négatives, comme le montrent la troisième phrase et le pargraphe trois. l'importance des oppositions : Ainsi la première partie du texte, lignes 1 à 18, est essentiellement consacrée à mettre en évidence l'opposition entre la réalité de la vie dans les monastères de cette époque et celle, totalement imaginaire, des Thélémites. [...]
[...] La seule "clause", "Fais ce que tu voudras", est mise particulièrement en évidence dans le second paragraphe par l'utilisation d'un alinéa et d'une typographie différente. Son caractère paradoxal est largement souligné dans le texte, avec l'utilisation du mot "liberté", à deux reprises, et de tout un champ lexical qui exprime celle-ci; ainsi les élèves agissent "selon leur vouloir et libre arbitre", ils se lèvent "quand bon leur sembl[e]". Le caractère hyperbolique du début de la première phrase, "Toute leur vie", ainsi que les parallélismes de la seconde donnent un aspect insistant et presque comique à cette règle "établie" par le géant, et pourrait faire croire à une institution où règne une totale anarchie. [...]
[...] Ainsi dans cette institution les moines organisent leur vie comme ils le souhaitent, mais sans abuser de cette totale indépendance. Alors qu'elle paraissait sans limites, tant les tournures négatives sont nombreuses pour rejeter les règles canoniques de l'éducation monacale, et que l'on voit ces moines et ces moniales avoir la possibilité de sortir ensemble pour certaines activités et même à la fin de sortir définitivement du couvent pour se marier, on se rend compte que les élèves n'en abusent pas et sont capables d'organiser néanmoins une vie honnête, riche et harmonieuse. [...]
[...] Si le fonctionnement de cette institution est largement idéalisé, il est néanmoins ce vers quoi on doit tendre, car cette utopie a pour les lecteurs d'aujourd'hui une signification tangible. Ainsi ce chapitre concernant l'abbaye offerte à frère Jean des entommeures personnage que l'on imagine mal dans un tel cadre rappelle toutefois, notamment ce passage, le chapitre XXIV qui décrit l'éducation dispensée au jeune Gargantua par Ponocrates. On y voyait le jeune géant "engloutir" un enseignement gigantesque et tout aussi diversifié; on peut remarquer que celui de cet extrait semble plus souple et plus humain, plus réaliste. [...]
[...] En cela, il se différencie de celui de Gargantua, gigantesque, qui ne perdait pas un moment de la journée pourtant très longue (cf. ch. XXIV). Pour autant, c'est avec un vocabulaire aristocratique que Rabelais présente cette école et son fonctionnement, avec des expressions comme "bien nés", "dames", "compagnies honnêtes", "honneur", "noble", et un vocabulaire souvent mélioratif, avec l'utilisation de nombreux adverbes d'intensité ou de superlatifs. II Une satire de la vie monastique : la négation comique des contraintes : l'auteur en présentant cette conception fort originale de la vie monastique fait une satire comique des institutions religieuses de l'époque et du Moyen Âge. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture