[...]
- Le passé simple utilisé au début fait place à l'imparfait pour décrire le Frère Jean.
- Le choix du prénom Jean caractérise le héros comme une figure remarquable de la religion catholique, Jean était un des douze apôtres.
- La description physique est appréciative "haut, maigre, bien fendu de gueule, bien servi en nez" (l. 16/17)
- La description de caractère est tout aussi élogieuse grâce à l'énumération de termes laudatifs dont l'effet est cumulatif : "jeune, fier, pimpant, joyeux, pas manchot, hardi, courageux, décidé" (l.15/16)
- Dans l'expression "beau décrotteur de vigiles, beau débiteur d'heures, beau débrideur de messes" (l.17/18) : le rythme ternaire, le procédé anaphorique et la même fin de mots avec assonance en "EUR" insistent sur le fait qu'il expédie les prières et accélère la messe.
- Il est reconnu comme fauteur de troubles par le Prieur (l. 40).
- Il est présenté par une antithèse hyperbolique" clerc jusques aux dents" (l. 21) qui est un détournement de l'expression "armé jusqu'aux dents". Il semble difficile d'associer un homme d'Eglise à une expression guerrière.
- Il utilise beaucoup de jurons à lexique religieux : "Vertu Dieu" (l. 31), "par le corps Dieu" (l.55/56), "bon sang" (l. 56), "ventre-Dieu" (l.58), "diable" (l.59).
- Le passage du religieux vers la guerre est un détournement carnavalesque : il y a renversement de valeurs, les choses nobles et saintes deviennent triviales.
- L'éloge atteint son paroxysme dans l'expression pleine de barbarismes : "un vrai moine... depuis que le monde moinant moina de moinerie" (l. 19/20).
[...]
- Le vin donne lieu à une harangue, une invitation au combat. Elle commence par un jeu de mots sous forme de paronomase (association de mots de sonorité proche) qui fait partie du carnavalesque : "service divin" et "service du vin" (l. 41/42) (...)
[...] La prière traditionnelle donnez-nous notre pain quotidien est remplacée par donnez-nous notre vin quotidien (l. 38/39). Boisson ordinaire : c'est une boisson du quotidien. Elle remplace l'eau et devient la nourriture de tous les hommes modérés homme de bien homme noble (l.45) Monsieur (l.43) Rémunérateur car il produit un revenu : pour les moines, le vin est aussi un moyen de subsistance. Les vignes représentent un des biens de l'Eglise. Le rythme de vie et les prières ne sont déterminés que par rapport à l'activité vinicole. [...]
[...] Ce bruit laisse les moines tout abasourdis comme fondeurs de cloches (l. 26/27). L'inutilité de leur action est soulignée par l'antiphrase du frère Jean bien chien chanté (l.21) à connotation péjorative. L'oxymore les pauvres diables de moines (l. marque à quel point ils sont désemparés. Ils ne se comprennent plus, ne s'entendent plus, ce qui rend leur chant mécanique et inutile. Un refuge dans l'isolement : Par le champ lexical de l'enfermement : close murée (l.2) murailles (l.6) clos (l.6, 23,24), l'auteur précise qu'ils ont opté pour une architecture militaire pour protéger leurs vignes mais que par voie de conséquence, ils se sont coupés du monde. [...]
[...] Rabelais force le trait et nous livre une description parodique. Un homme seul contre une armée a pour résultat un nombre conséquent de victimes repris sous des noms collectifs anonymes uns et autres (l. 78/79). Malgré le caractère cru de la description accentuée par le champ lexical de l'anatomie cervelle (l.78) bras et jambes vertèbres (l.79) reins nez (l.80) les yeux les mâchoires les dents (l.81) la gueule les omoplates (l. 82) les fémurs (l.83), le passage de cette boucherie conduit au rire. [...]
[...] L'éloge atteint son paroxysme dans l'expression pleine de barbarismes : un vrai moine depuis que le monde moinant moina de moinerie (l. 19/20). Guerrier : Jean devient un guerrier, un homme d'action, il va être décrit comme un héros épique de chevalerie contrairement aux moines traditionnels. L'exaltation au combat fait partie du code d'un chevalier comme dans les romans de chevalerie se saisit du bâton de la croix (l.63/64) long comme une lance (l.64/65). Son habit de moine devient celui d'un guerrier : il mit bas son grand habit (l. 63). [...]
[...] dévaster les moines se réfugient dans un chant cacophonique, loin du chant liturgique mélodieux. Seuls deux mots sont répétés dans cet extrait du chant qui s'en trouve étiré, les syllabes sont morcelées. La répétition donne un effet de non-sens : c'est une parodie du chant grégorien. Leur réaction, outre de chanter, est de sonner les cloches, il ne s'agit que d'un automatisme effectué à tout hasard (l.8) et non d'une action mûrement réfléchie. Le bruit à l'intérieur fait écho au fracas horrible de la bataille à l'extérieur. [...]
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