C'est au siècle des Lumières que se pose la question du combat de la Raison, dont l'une des meilleures illustrations est l'œuvre polémique de Voltaire : Candide. La forme légère du conte y est employée afin de soutenir une réflexion plus sérieuse. Ainsi, R. Barthes a déclaré ‘'Nul mieux que lui [Voltaire] a donné au combat de la Raison une allure de fête''. Il peut s'avérer intéressant de se demander dans quelle mesure on peut associer ‘'Raison'' et ‘'fête'', et de regarder le rapprochement avec le terme de ‘'combat''. Nous essaierons ainsi de voir comment Voltaire résout l'antinomie existante entre ‘'Raison'' et ‘'fête'', et s'il y met des limites. Dans une première partie, nous verrons la conception de Voltaire du combat de la Raison, et la place de cette lutte dans le XVIIIème siècle. Nous analyserons ensuite le choix du conte, forme plaisante, pour traiter sérieusement de la Raison. Enfin, nous verrons les limites de cette fête.
[...] Ainsi, dans Candide, relier l'Amérique et l'Europe en bateau (chapitre 20) n'occupe guère plus de place qu'une conversation avec le seigneur Pococuranté (chapitre 25). Ce procédé permet de rythmer le récit, et de mettre en lumière les étapes importantes dans l'évolution des personnages ou de l'histoire. De plus, la forme du conte permet certains retournements de situations peu probables, comme l'arrivée du roi des Bulgares tel une sorte de Deus Ex Machina, et qui sauve Candide d'une mort certaine. C'est cette liberté par rapport au réalisme et au rationnel qui permet de ressusciter le jeune baron et Pangloss, ainsi que de faire survivre Cunégonde et la Vieille à leurs malheurs respectifs. [...]
[...] Pour que la leçon soit perçue par le lecteur, il importe que l'histoire racontée ne soit pas prise au premier degré. Le récit doit avouer qu'il donne à lire une opinion. A cette fin, le plus simple est de doter le lecteur d'une sorte de méthode de lecture. Tel est le parti pris par Rabelais, qui ouvre son ouvrage par un avertissement invitant le lecteur à interpréter ce qui pourrait se passer comme un simple divertissement. Une autre méthode de compréhension du sens profond du récit consiste à dénoncer, dans le cours même du récit, l'illusion réaliste. [...]
[...] Il n'est pas question de droits pour les accusés, ni d'avoir accès à une défense quelconque. Par la suite, l'auteur pointe du doigt l'esclavage, avec l'épisode indépendant du nègre du Surinam, au chapitre 19. C'est ici la barbarie du Code Noir, alors en vigueur dans les colonies, qui est dénoncée. L'un des buts de ce chapitre est de rappeler l'existence de cette pratique. Le lecteur y est pris à parti. Voltaire défend l'intégrité de l'esclave noir en tant qu'être humain. [...]
[...] L'une des bases de l'ironie voltairienne est l'adoption d'un point de vue partiel ou extérieur à ce qui est décrit dans le récit. Ainsi, Voltaire ironise sur les prisons en les définissant comme ‘'des appartements d'une extrême fraîcheur dans lesquels on n'est jamais incommodé par le soleil'' (Candide, chapitre 6). Il s'agit d'un procédé facilité par la mise en scène de l'étranger qui découvre un monde dont il ne saisit pas la logique, et dont il révèle ainsi les ridicules. [...]
[...] Barthes a déclaré ‘'Nul mieux que lui [Voltaire] a donné au combat de la Raison une allure de fête''. Il peut s'avérer intéressant de se demander dans quelle mesure on peut associer ‘'Raison'' et ‘'fête'', et de regarder le rapprochement avec le terme de ‘'combat''. Nous essaierons ainsi de voir comment Voltaire résout l'antinomie existante entre ‘'Raison'' et ‘'Fête'', et s'il y met des limites. Dans une première partie, nous verrons la conception de Voltaire du combat de la Raison, et la place de cette lutte dans le XVIIIe siècle. [...]
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