Mme de Merteuil et Valmont forment un couple de personnages inséparables, au même titre que Roméo et Juliette, ou encore Tristan et Iseult. Toutefois, il ne s'agit pas d'un couple mythique d'amoureux mais de deux figures sombres qui incarnent le mal, la débauche, la perfidie, le vice, contre-valeurs de notre culture.
Cela tient non seulement à leurs comportements de libertins impénitents et tout puissants, mais plus encore à la relation très particulière qu'ils entretiennent, relation fondamentale, centrale chez Laclos comme chez Frears, qui régit toute l'intrigue. Lers deux personnages forment le cœur et le cerveau de l'action. Mais solidaires au départ, ils finissent par se désolidariser, l'un dominant l'autre et le manipulant, si bien qu'on peut se demander à quel point leur relation initiale n'était pas elle aussi dès le départ une « liaison dangereuse ».
[...] Leur correspondance, leurs conversations dans le film permettent de les connaître et de comprendre l'influence majeure qu'ils exercent sur l'action dont ils se commentent mutuellement les progrès. Leurs principes gouvernent l'action. Les principes des personnages gouvernent l'action Leur premier principe est d'accumuler les conquêtes amoureuses; leur relation affective et épistolaire se nourrit du spectacle qu'ils se donnent l'un à l'autre de leurs aventures. Ils sont l'un à l'autre leur premier, peut-être même leur unique publique. En ce qui concerne la marquise, Valmont est le seul à savoir qui elle est (cf. [...]
[...] Toujours supérieure à Valmont et elle le prouve (notes sur Les Liaisons dangereuses, 1856-1866). La Merteuil est en fait l'un des personnages les plus noirs de notre littérature, d'autant plus sombre qu'elle échappe à la justice humaine. Certes le couple qu'elle forme avec Valmont est terrifiant, certes Valmont a sa part dans la dérive de leur libertinage, mais, transfiguré par l'amour et la mort, il apparaît comme la victime d'une femme dont l'intelligence est mise au service de la toute- puissance, une Dalila une nouvelle Eve, ce qui témoigne d'une certaine misogynie à l'œuvre dans le roman. [...]
[...] / 2007 Les liaisons dangereuses de Laclos Augustin-Thierry, A. / Société française d'éditions littéraires et techniques, E. [...]
[...] Le mensonge, la manipulation de l'autre gouvernent leurs comportements sociaux et sentimentaux. Ils ne laissent libre cours à aucune spontanéité. La sincérité n'est pas leur fait, d'où la pertinence de l'ouverture du film qui nous les montre s'habillant, se fardant, se poudrant, c'est-à-dire revêtant leur masque social, celui derrière lequel ils se cachent pour manipuler les autres à leur guise. Libertins, ils ont aussi en commun le principe de la méthode: tout est calculé, prévu, anticipé, presque minuté, l'autre est réduit au statut d'objet face auquel aucun des deux n'hésite à faire violence: que ce soit Valmont avec Cécile, qu'il prend de force quasiment, ou la marquise avec Prévan, qu'elle réduit à néant socialement. [...]
[...] Action apparemment secondaire, tributaire de la première que Valmont s'est fixée, ce défi courtois prend à la fin le pas sur la première intrigue. Une relation triangulaire s'instaure, Valmont/Tourvel/Merteuil, qui pervertit et la séduction entreprise par Valmont et la relation que les deux libertins entretiennent, si bien que leur complicité se transforme en guerre nucléaire: ils se mènent mutuellement à leur perte. La rapidité avec laquelle l'action se précipite à la fin du roman et du film a pour corollaire la progressive désagrégation de leur relation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture