Ce texte a été publié en 2000, la dernière année du XXe siècle, un siècle qu'il semble ainsi clore symboliquement.
Plus que cela, il se pourrait qu'il en fasse le bilan : en effet, la citation de Guillaume Apollinaire mise en exergue nous renvoie au début du siècle, tandis que la dédicace fait explicitement référence à la Première et à la Seconde Guerre mondiale (...)
[...] On constate ainsi que le lecteur est bien convié à prendre position : dans la lecture active du texte, entendue comme réécriture lire, c'est retrouver comment ça a été écrit Roland Barthes), et peut-être au-delà, dans sa compréhension de la vie, du monde qui l'entoure. Pour conclure, on dira que ce début de nouvelle pose par la littérature prise dans son entier les problèmes de société et d'éthique qui sont ceux même de l'humanité. C'est un texte nécessaire, comme le sont tous les textes littéraires au sens non dévoyé de ce terme. [...]
[...] A moins que, justement, ils ne soient l'honneur de l'humanité, témoin de ses faiblesses, de sa grandeur et de son besoin d'amour. La comparaison entre Charlot (dans l'avant-dernière ligne du texte) et le clown que fut le père du narrateur (et aussi le clown du procès Papon, fort mal maquillé et au costume de scène bien dépenaillé ajoute un élément au décor : qui ne se souvient pas que Chaplin a tourné Le Dictateur en pleine seconde guerre mondiale et que le personnage de Charlot y prenait la place d'Hitler ? [...]
[...] Nous aurions fait de nos jardins des champs de bataille. On se souvient de la blessure du poète Guillaume Apollinaire à la première guerre mondiale et de sa mort en 1918. Quand les poètes s'en vont à la guerre et en sont victimes, il y a effectivement lieu de parler d'effroyables jardins La dédicace, à la mémoire de confirme ensuite cette orientation de lecture vers la guerre en général et les deux guerres mondiales, tout en introduisant pour le lecteur une part d'énigme et une oscillation renouvelée entre réalité et fiction : il y est question de son grand-père, ancien combattant de Verdun, mineur de fond de son père, ancien résistant, professeur et de Bernhard Wicki, dont nous en saurons plus ultérieurement mais qui figure quasiment ici l'illustre inconnu (un soldat sans parenté réelle ou dite avec l'auteur ni avec le lecteur mis à part notre humanité commune. [...]
[...] Quant au noir, il est posé dès le grand-père mineur de fond de la dédicace, puis se retrouve dans les armes (la grenade au sens d'arme) dans le costume des avocats, procureurs et huissiers, et dans celui de Charlot. Les trois temporalités mises en couleur avec une dominante rouge forment la trame dans laquelle se retrouvent ensemble l'auteur, le narrateur, le lecteur Le lecteur : un témoin engagé, un quasi-participant, un auteur- associé ? Mis en présence de l'exergue poétique, de la dédicace, de l'avant texte et du texte, tout lecteur se sent a priori concerné. [...]
[...] Le réseau textuel au regard de la temporalité. Poésie, dédicace personnelle, compte rendu, récit autobiographique et/ou de fiction : toutes ces choses sont les fragments variés qui composent l'ouverture de ce roman genre choisi par l'auteur, et désignant une oeuvre d'imagination en prose qui présente des personnages donnés comme réels (Le petit Robert). Alors, est-ce une fiction ou la réalité, que cet ensemble ? Les deux, mais au motif que la fiction serait un moyen d'atteindre la vérité L'extrait de Calligrammes ( de Guillaume Apollinaire) a été choisi par Michel Quint pour donner un titre à sa nouvelle Effroyables jardins, il vient résonner en exergue de celle-ci, tant par la répétition du syntagme effroyables jardins que par les oppositions créées : - entre adjectif et nom dans ce syntagme, - entre les deux adjectifs touchante effroyables - à l'intérieur même du terme grenade avec son double sens d'arme explosive et de fruit pulpeux couleur de sang vermeil. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture