Précurseur du romantisme dans un siècle de raison, Rousseau, considéré comme le "père" de l'autobiographie, a multiplié les oeuvres autobiographiques : Confessions, Rousseau juge de Jean-Jacques, et, sur le tard, Les Rêveries du promeneur solitaire. Cette dernière est une publication posthume de l'écrivain, l'oeuvre étant restée inachevée. Elle se compose de dix chapitres de taille inégale, ou promenades, qui sont autant de réflexions sur la nature de l'Homme et son Esprit. Dans une sorte de mise en abyme, il évoque, dans la Quatrième promenade de cette oeuvre qui tient à la fois de l'autobiographie et de la réflexion philosophique, son premier ouvrage autobiographique, qui lui valut de nombreuses critiques, Les Confessions. Il y explique et justifie sa devise sur la vérité (...)
[...] Mais habilement, il va résoudre ce paradoxe par un art consommé du style reposant sur : - une progression adroite dans les mots .rectification du terme (J'ai tort même de l'appeler mensonge, ligne 14) .permettant de nier le mensonge (car aucune de ces additions n'en fut un, lignes 14-15) .recours aux images positives, notamment les métaphores, qui transforment progressivement le terme au fil du texte : . avec une idée de majoration (additions, ligne 15 ; remplissais les lacunes, ligne 18 ; en supplément, ligne 19) . avec une connotation artistique (embellissais, ligne 20 ; ornements, ligne 21) . suggérant presque le merveilleux (charmes étrangers, ligne 24). [...]
[...] Des traits de caractère disparates Ils font de Rousseau un précurseur des jeunes romantiques. - Un homme droit Le portrait est celui d'un être : . franc (aversion naturelle pour le mensonge, ligne 1). La franchise est alors soulignée par les termes valorisants du groupe ternaire la bonne foi, la véracité, la franchise (ligne 9). Ces qualités sont fortement revendiquées et présentées comme naturelles . transformé par sa vie et ses expériences : J'écrivais mes Confessions déjà vieux, et dégoûté des vains plaisirs de la vie que j'avais tous effleurés (lignes 15-16) . [...]
[...] le ton et le rythme solennels de la phrase des lignes 8 à 11 qui a l'allure d'un serment et qui revendique une fière élévation d'âme avec : .l'adverbe affirmatif au début (Oui) .l'alliance de groupes binaire (je le dis et le sens) et ternaire (la bonne foi, la véracité, la franchise) .le rythme ample de la période, dont les groupes syntaxiques rebondissent les uns après les autres . sa singularité (éloignement pour toute imitation, ligne 5 ; que ne fit jamais aucun autre homme, ligne 10). [...]
[...] Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, Quatrième promenade Aversion : répulsion, dégoût. Lorsque Rousseau commence à mettre en ordre les livres I à VI des Confessions, en 1764, il a cinquante-deux ans. M'arroger : m'approprier. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est un écrivain, musicien et philosophe genevois de langue française. Il est l'un des plus illustres philosophes du siècle des Lumières. Ses travaux ont grandement influencé l'esprit révolutionnaire français. [...]
[...] reconquérir un bonheur perdu (tendres regrets, ligne 21) et revivre les moments heureux (ligne 20) . prolonger ces moments à volonté (en supplément, ligne 19 ; J'aimais à m'étendre sur les moments heureux de ma vie, ligne 20). L'autobiographie apparaît alors comme une sorte de revanche sur la vie et sur la vieillesse, soulignée par des termes dépréciateurs (vieux, dégoûté et vains, ligne 15 ; vide, ligne donnant tout son sens au titre Rêverie III- Un autoportrait Alors que le propos semble purement littéraire, à travers cette réflexion sur l'autobiographie, Rousseau se dépeint implicitement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture