Quasimodo, Victor Hugo, personnage, dégoût, usages des Hommes, Notre Dame de Paris, 1831
Le XIXe siècle est marqué par un courant artistique: le romantisme. Né en Grande-Bretagne et en Allemagne avec des oeuvres telles que Les souffrances du jeune Werther de Goethe, il s'oppose aux goûts anciens et à leurs règles trop rigides. C'est un mouvement de liberté contre la censure. Chef de file du romantisme en France, Victor Hugo (1802-1885) a marqué son époque par ses oeuvres, mais aussi par son engagement politique. Dans l'extrait de Notre Dame de Paris (1831) étudié, Victor Hugo nous peint un personnage critiqué de tous, à cause de son physique, et qui devient alors le support d'une dénonciation des moeurs du peuple.
[...] Dans l'extrait de Notre Dame de Paris (1831) étudié, Victor Hugo nous peint un personnage critiqué de tous, à cause de son physique, et qui devient alors le support d'une dénonciation des moeurs du peuple. Mais pourquoi Victor Hugo préférera-t-il mettre en avant un personnage qui peut inspirer le dégoût pour dénoncer les usages des Hommes? Nous étudierons d'abord comment les différents portraits nous permettent de comprendre davantage ceux qui critiquent Quasimodo, pour ensuite étudier en quoi ce texte est une dénonciation des habitudes de notre société. [...]
[...] On peut remarquer que le narrateur fait plus que nous le peindre, il nous exprime la manière dont lui le voit. Ainsi, lorsque le narrateur nous parle des jambes et des genoux de Quasimodo, il ne nous dit pas seulement qu'elles "ne pouvaient se toucher que par les genoux" il rajoute que leur système est "étrangement fourvoyées". De la même manière, si le narrateur se contente de dire que ses pieds sont "larges" il s'empresse de nous rappeler que ses mains sont "monstrueuses" et s'il ne dit jamais de Quasimodo qu'il est borgne, c'est qu'il préfère le qualifier de "cyclope" (L15-L84), mais la subjectivité de son portrait atteint sans doute son paroxysme lorsqu'il dit de Quasimodo qu'il atteint "la perfection de laideur" (L19). [...]
[...] On peut expliquer l'orgueil qu'éprouve Quasimodo lorqu'il est habillé comme une satisfaction face à tout ce qu'il a pu subir, et la joie qu'il ressent, même si elle n'est pas complète, d'être surélevé, et surtout d'avoir "sous ses pieds difformes toutes ces têtes d'hommes beaux, droits et bien faits" (L84-85) comme l'exemple que n'importe qui peut arriver au sommet. Mais croire en cette interprétation serait croire à un mensonge car si Quasimodo est bien élevé par le peuple, il ne faut pas oublier que ce dernier l'insultait quelques instants plutôt, de plus, c'est en tant que pape des fous que Quasimodo est acclamé. [...]
[...] On peut par exemple noter que si, comme le précédent portrait, il s'intéresse au physique de Quasimodo, il n'use que d'un lexique péjoratif pour le décrire. Pour acclamer sa venue, la "populace" (L19-20) ne l'appelle ainsi que par ces dévalorisants surnoms "le bossu" "le borgne" (L22-23), "le bancal" (L23). Et alors qu'on pourrait croire ce genre d'insulte propre au bas peuple, il n'en est rien. Ainsi, lorsque Robin Poussepain se moque de la monophtalmie de Quasimo, il n'hésite pas à le comparer à "Polyphène" ou le qualifie de "bancal" (L23-L65) en raison de bosse. [...]
[...] Ainsi cet extrait semble s'articuler autour d'un évènement, l'élection du "pape des fous" (L12). Si on peut naïvement penser que cette fête à pour unique but de s'amuser, on saisit, à la dureté des propos que tient le peuple à l'encontre de Quasimodo, qu'elle est bien plus lourde de sens, car la nomination d'un pape des fous met logiquement les autres sur un piédestal. On comprend alors ces Hommes qui, s'ils s'acharnent sur Quasimodo pour se rendre supérieurs, préfèrent éviter de le défendre pour ne pas subir à leur tour les railleries de tous, en témoignent les insultes illogiques tel que "déplaisante face de bossu" ou bien "Gare les femmes grosses" (L26) qui signifieraient que son simple contact aurait le don de les enfanter. [...]
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