Dans les pathétiques Sonnets à Hélène, succédant aux Amours de Cassandre et de Marie, sonnets caractérisés par un registre élégiaque, le prince des poètes, Ronsard, « grison » hanté par la vieillesse et la mort s'en remet à son art poétique pour charmer la belle, froide et savante Hélène de Surgères, dame à la cour de Catherine de Médicis, qui dans la réalité déclinera ses avances galantes. Dans le sonnet le plus célèbre de ce recueil intitulé Quand vous serez bien vieille, s'inspirant de poètes antérieurs, Ronsard par une anticipation frappante de la vieillesse de la belle indifférente, rend hommage à la poésie et à l'artiste tout en exprimant un crédo épicurien
[...] Si l'on pouvait interpréter ce poème comme une tentative de chantage poétique et amoureux en une petite vengeance d'un Ronsard dépité, il faut surtout y voir un crédo épicurien, un appel à vivre le jour présent et plus encore un crédo artistique exprimé par l'autoréflexivité de la poésie. On pourrait rapprocher ce poème d'un poème célèbre du recueil L'instant fatal de Raymond Queneau intitulé Si tu t'imagines. Dans cette réécriture parodique du poème de Ronsard, si l'on retrouve les mêmes thèmes lyriques comme la fragilité de la beauté, la fuite du temps, en revanche le réalisme de Ronsard laisse place à un ton humoristique et à un langage moins soutenu qui désacralise la destinataire du poème. [...]
[...] Le poème se termine sur l'image d'une belle rose qui représente l'amour. Avec ce crédo épicurien, Ronsard conjure magiquement tout ce que l'anticipation avait de désespérant. - Les deux derniers vers arrivent sans transition, ils suppriment tout ce que l'anticipation avait d'angoissant, il la révoque par la seule puissance du vers. - On peut observer la métaphore filée florale qui peut désigner les plaisirs de la vie, l'amour Ce poème a donc pour but de faire céder Hélène à ses avances Transition : Ronsard est très orgueilleux : il se célèbre lui-même à travers ce poème II. [...]
[...] - Ainsi les deux anticipations se rejoignent, mais l'opposition arrive au distique final, qui constitue une invitation à profiter du temps. B. Progression - Dans les quatrains, l'auteur procède à une anticipation brutale avec une sorte de sombre délectation avec l'utilisation du futur serez direz - Les adverbes lors et déjà qui forment une prolepse, s'opposent à du temps que j'étais belle (v4). - Célébrait renvoie bizarrement au présent d'énonciation. - Cette anticipation brutale, déplaisante et réaliste est destinée à frapper l'esprit des destinataires : vieille accroupie (v11) forme le tableau d'une décrépitude physique. [...]
[...] Enfin direz et non pas vous direz, est une trace d'ancien français. - Avec mes vers Ronsard désigne des vers personnels, élégiaques, tristes et musicaux. Ce poème correspond à un chantage affectif : cédez à mes avances, alors je vous célébrerais. L'amant - Dans ce poème, Ronsard invite Hélène à profiter de la vie et de sa jeunesse à ses côtés. - La destinataire est donc très présente, et est loin d'être ménagée, elle est même presque brutalisée. Le poète se comporte maladroitement : il doit triompher de sa froideur tout en menant une argumentation logique avec le distique final qui montre l'enjeu caché du poème. [...]
[...] - La concomitance des vers chantés avec le réveil des servantes montre la magie de la poésie qui est capable de réveiller des endormies. - L'ambiguïté de la construction grammaticale Bénissant votre nom de louange immortelle laisse penser que la poésie a un pouvoir de contagion. - Enfin la poésie peut révoquer la tristesse : Hélène s'enchante en chantant les vers. B. La poésie a pour fonction de louer - La poésie réfléchit la beauté de la femme célébrée, elle a pour première fonction de faire l'éloge de la beauté et de la forme de l'être humain me célébrait et bénissant (v8). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture