Commentaire détaillé du poème en prose Voiles au port de M. Proust (extrait de Les Plaisirs et les Jours). Situation du texte, développement semi-rédigé en trois parties et sous-parties, éléments pour la conclusion sont présents.
[...] Le poème Voiles au port clôt la section Rêveries couleur du temps I. LA DESCRIPTION PICTURALE DES NAVIRES AU REPOS DANS UN PORT A. La description générale d'un port et de ses navires 1 Beaucoup de verbes sont à l'imparfait et un certain nombre sont des verbes d'état : paraissaient étaient ils sont semblait (l.14), ce qui est fréquent dans une description au passé. Celle-ci adopte une focalisation externe : le regard semble épouser celui des passants évoqués au début du texte et la description s'appuie sur l'apparence pour dégager l'histoire des bateaux : La solidité de l'étrave ne parlait pas moins des longs voyages qui leur restaient à faire . [...]
[...] Ce texte constitue donc le pastiche du poème de Baudelaire. De la même façon que dans l'Albatros de Baudelaire, l'albatros, prince des nuées exilé sur le sol représentait le poète, le navire 5 symbolise dans ce texte la situation du poète parmi les autres hommes. Il a une position de supériorité nobles l.2 ; indifférents l.3 ; dédaigner l.4) et s'oppose à la foule à qui est attribuée la bassesse (l.4) ; il ne s'exprime pas de la même manière que le commun des mortels : ne pas parler la langue (l.4). [...]
[...] Cette description est une sorte de cliché qui s'apparente à une peinture marine. B. Une description esthétique et picturale : une marine élogieuse Même si quelques autres indications sensorielles complètent la description de l'atmosphère du port notations tactiles humide l.5, glissantes l.7, molles l.12), notations auditives silencieux l.5) cette description est en effet essentiellement visuelle ; elle donne à voir les navires, comme l'indiquent les verbes regarder paraissaient (l.4) et semblait (l.14) et les notations visuelles brillent l.1, lumières l.2, se reflétait , l.10). [...]
[...] ) leur élan silencieux et immobile Les navires semblent fascinés par la mer, évoquée métaphoriquement comme une vie terrible et belle par opposition à l'immobilité quasi morbide dans la quelle il se trouve dans ce port étroit et long (comme un cercueil La lenteur du rythme, due à la longueur des phrases et à la multiplication des virgules, renforce l'impression de langueur mélancolique. Transition : pour exprimer la beauté des navires, Proust recourt à une prose poétique qui n'est pas sans rappeler le style baudelairien. [...]
[...] Pour la conclusion : L'art, aux yeux de Proust, a valeur de religion. Seule la création permet de pénétrer l'essence du monde. Une telle conception s'incarne dans le personnage du peintre Elstir, dans À la recherche du temps perdu, dont les tableaux donnent une vision de la réalité où se mêlent terre et mer, dans une fusion que seul l'art permet de réaliser. À l'image des marines d'Elstir, le texte Voiles au port propose une vision picturale inattendue des navires, rapproche deux réalités distinctes (bateaux et hommes) pour faire émerger leur essence commune : une même destinée tragique, cependant sublimée par le divertissement étourdissant du voyage et par l'éternité de la beauté. [...]
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