Commentaire de texte sur un passage du recueil de nouvelles Les Plaisirs et les Jours de Proust.
[...] Nous voyons finalement toute cette scène à travers les yeux de la jeune fille ce qui immerge davantage le lecteur et renforce tout le tragique de cette scène : nous assistons avec elle à cette scène. Finalement, la mort semble être la seule solution possible face à la souffrance démesurée de la jeune fille alors qu'elle regrette profondément son acte comme en témoigne le conditionnel dans cette phrase : “J'aimerais mieux que ma mère m'ait vue commettre d'autres crimes encore et celui-là même, mais qu'elle n'ait pas vu cette expression joyeuse qu'avait ma figure dans la glace”. [...]
[...] En effet, le ton affirmatif, l'absence de négation dans la deuxième partie de la phrase focalise notre attention sur cette partie et donne plus d'impact à cette dernière et à son propos. Le verbe conjugué “respirait” donne une vie, humanise l'angoisse de la jeune fille : son visage en prend forme, l'incarne. Nous notons une description du corps qui se relâche, qui se donne au plaisir, qui le ressent. Le corps semble n'être que joie comme en témoignent les trois adjectifs qualifiant le corps et les trois adjectifs qualifiant la joie. Une gradation est ainsi à noter mettant davantage en avant les adjectifs de fin “sensuelle, stupide et brutale”. [...]
[...] L'acte affreux de la jeune fille provoque des conséquences affreuses. L'horreur semble finalement amplifiée par des formulations d'adresse au lecteur telle que “quand en face de moi je vis, oui, je le dis comme cela était, écoutez-moi puisque je peux vous le dire”. La forme narrative, les verbes au présent et la présence du “je” tendent à intensifier l'horreur et accorder toute un symbolique, une solennité à la scène. L'acte affreux a finalement donné lieu à une réalité affreuse. * Ainsi, face à cette réalité affreuse la jeune fille va vouloir se réfugier dans le déni, ne pouvant l'accepter, ne pouvant l'affronter. [...]
[...] En effet, cette dernière a été contrainte de se marier car sa mère le voulait : “ma mère désirait me voir me marier ( . ) à défaut de ma volonté” (“La Confession d'une jeune fille”, IV, p. 148). De plus, son mariage impliquait qu'elle ne soit pas séparée de sa mère : “Je ne serais pas séparée de ma mère, ce qui eût été pour moi la peine la plus cruelle” (“La Confession d'une jeune fille”, IV, p. 148). La volonté et l'amour de sa mère semblent être un poids trop fort et incompatible avec les désirs de la jeune fille. [...]
[...] Nous pouvons alors parler de la religion chrétienne et de sa perception de la connaissance comme étant synonyme du mal. Ainsi, en étant consciente du mal qu'elle faisait, la jeune fille, par la religion chrétienne, par Dieu donc, serait considérée comme deux fois plus coupable. Néanmoins, la conception décadentiste, de Proust ou encore de Baudelaire affirme à l'inverse qu'être conscient de son mal est préférable. Faire le mal sans le faire exprès, sans en être conscient aggrave l'acte en lui-même, le mal fait : c'est de la bêtise pure. [...]
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