Littérature, La Promesse de l'aube, Romain Gary, burlesque, Wilno, Pohulanka, Piekielny, dibbouks, farce, comique, identité du narrateur, oppositions complémentaires, destin tragique
Cette anecdote se situe dans la première partie du roman, relative au récit d'enfance polonaise. L'action se passe à Wilno : Nina, la mère du narrateur, accusée de recel d'objets volés, se livre, dans l'escalier de l'immeuble du 16 de la Grande-Pohulanka, à l'une de ses scènes démonstratives accoutumées. Comme d'habitude, en guise de revanche, elle prophétise l'éclatante réussite de son fils, sous les rires des habitants. Le narrateur souligne particulièrement le caractère mémorable de cette scène, qu'il traduit en termes de traumatisme - associé d'ailleurs à la tentation du suicide.
[...] dont Nina, mais aussi Piekielny, sont les représentants, ne dépouille pas pour autant l'individu de ce qui fait son identité. Sous les circonstances historiques et les déterminismes sociaux, « incarnations éphémères », constantes sources de moqueries et de stigmatisations, dont le narrateur s'emploie à dévoiler la nature par l'ironie qui les met à distance, subsiste l'être humain, indépendamment de cette « condition qui nous fut imposée de l'extérieur ». Piekielny recouvre, grâce au narrateur, à la parole qu'il lui cède, puis au récit qu'il lui consacre, une véritable identité : il redevient un individu, doté d'une vie particulière, historiquement et géographiquement située ( = nature du message), sujet d'un discours qui le fait (re)vivre sur les lieux mêmes où l'on tenté, en même temps que tout le peuple de victimes auquel il appartient, de le nier (« minuscule »), de l'objectiver (transformation en « savon »), sans finalement parvenir qu'à détruire son corps. [...]
[...] Après la guerre et après sa mort, il hante un commissaire de police allemand nommé Schatz : lors de son exécution à Auschwitz, il a bondi dans la tête de ce dernier qu'il habite tel un remords intérieur. Représentant la mauvaise conscience de ce dernier, il le persécute, lui faisant avaler force rahat-loukoums, lui apprenant à respecter les fêtes religieuses juives, se manifestant par des hallucinations sonores ou/et auditives. Comme l'analyse Pierre Bayard, dans Il était deux fois Romain Gary (PUF, coll. le texte rêve p. [...]
[...] 189-196 : je vous y renvoie, pour analyser les jeux de mots, fondés sur le décalage concret/abstrait, autour des termes « souris », « savons », « besoins de propreté des nazis ». Vous noterez également les séries d'oppositions complémentaires autour des thèmes : - petit /grands - singularité /nombre (d'exterminés (négation de l'individu dans la masse) ; mais ensuite ramenés à la vie en quelque sorte à travers la personne du petit Polonais évoqué devant un nombre croissant de références prestigieuses (procédés d'accumulation), de destinataires du message de Piekielny (« dizaines de millions) + toute une série de procédés d'élargissement spatial (Europe/Amérique/ « vastes réseaux ») et temporel (« pour mille ans ») - même type de négation du génocide par l'opposition « fours crématoires »/ évocation d'une succession de lieux prestigieux Tout ceci renvoie à la négation de la fatalité du mal, incarné par les nazis, dont l'absurdité est exprimée par la tautologie : « ce qui est fait est fait ». [...]
[...] Analyse du burlesque Rappel : l'adjectif burlesque (du latin burla, plaisanterie) désigne un comique outré. Sous sa forme substantivée, il désigne un style très prisé au XVIIe siècle qui traitait un sujet noble de manière familière. Le burlesque, qui est donc une forme de comique, est donc lié à la farce.Très voisin, le registre héroï-comique traite, lui, un sujet vulgaire de manière noble (Boileau, Le Lutrin) Le texte présente un certain nombre de procédés de décalage qui renvoient au registre burlesque (les sujets des scènes évoquées sont sérieux (solennels pour la scène de revue des troupes par la reine d'Angleterre et tragiques pour les références au génocide juif par les nazis) mais évoqués de manière triviale, familière) et lui confèrent une dimension ironique[3]. [...]
[...] : « forme spécialisée dans la représentation du malheur juif, c'est-à-dire des malheurs des Juifs passés, présents et à venir. Il ne peut être que le fait des Juifs eux-mêmes, qui connaissent la situation de l'intérieur. Le livre qui pratique constamment l'humour, en particulier sous la forme de l'auto dérision, joue aussi sur les ressorts de l'humour juif en convoquant, à l'arrière-plan d'un grand nombre de plaisanteries et de scènes comiques, l'histoire des persécutions antisémites et plus précisément le contexte de la Seconde Guerre mondiale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture