Lorsqu'il publie en 1867 les Fêtes galantes, Verlaine place ce recueil poétique sous le patronage du peintre du XVIIIe Watteau, considéré comme le créateur des « fêtes galantes » : la plupart de ses tableaux sont des scènes bucoliques, où des hommes et des femmes sont réunis pour folâtrer, faire de la musique, danser, échanger. C'est toute l'atmosphère propre au XVIIIe siècle de la galanterie, du badinage amoureux que met en scène dans ses tableaux Watteau et que Verlaine reprend dans son poème « A la promenade ».
[...] De plus, les nombreux rejets accentuent cette impression d'irrégularité, de fluidité. On note ainsi les rejets très marqués du petit doigt de la bouche Ces rejets concernent de plus les attributs du jeu galant et du jeu mondain, qui sont ainsi mis en valeur. Cependant, si cette atmosphère est joyeuse, elle semble vue en demi- teinte, comme déjà lointaine. III) La vision en demi-teinte d'un monde en train de disparaître ? Verlaine ou l'art de la nuance (couleur, mouvement) Le poème de Verlaine Est tout en nuances. [...]
[...] Regarder un tableau/ faire partie du tableau ? Le système des pronoms personnels est assez complexe dans le poème : en effet le premier nos (vers semble indiquer que le je poétique fait partie des personnages. On peut également se demander la valeur inclusive du no : inclut-il aussi le spectateur/lecteur du poème ? Le poète et le lecteur semblent bien regarder le tableau ensemble à la fin de la deuxième strophe : nous parvient bleue et mourante à dessein Dans la troisième strophe, même si le nous est à nouveau employé nous devisons délicieusement le je poétique semble faire partie de certains personnages (ceux qui conversent) mais n'être pas au centre du tableau, ne pas participer au jeu de galanterie, l'usage de la P6 au vers suivant Et les amants lutinent les amantes n'est pas inclusif. [...]
[...] Un poème-tableau (composition et phénomène de cadrages Un mouvement de haut en bas et de l'extérieur vers l'intérieur On a nettement un mouvement de haut en bas au début du poème, on part du plus haut, du ciel pour aller aux arbres Les arbres occupent quasi du haut au bas du tableau, et on a l'impression, dans la première strophe, de suivre du regard l'arbre pour arriver au milieu du tableau, aux costumes (strophe vers pour aller ensuite jusqu'au bassin (strophe vers 5). Enfin, dans la deuxième strophe c'est encore le bas qui est évoqué bas tilleul Ce mouvement de bas en haut dessine une première étape de la composition du tableau. Nous avons également un mouvement de l'extérieur vers l'intérieur, du cadrage général au détail. [...]
[...] La couleur évoquée de la lumière est bleue et mourante : c'est une couleur qui s'éteint, le contraire d'une lumière franche et criarde. De la même manière, les mouvements sont eux-mêmes tous atténués : le vent est léger le bassin est humble : le mouvement est léger et l'effet sur l'eau n'est de que de quelques rides Des échanges quasi imperceptibles L'atmosphère est douce, toutes les couleurs et les mouvements sont atténués. De la même manière, les échanges entre les personnages sont extrêmement légers et ténus. [...]
[...] Les compliments et les jeux de mains sont nombreux. Tout est codé, et le moindre geste (couleur de la rose, emplacement de la bouche, façon de baiser la main) a une signification. Nous retrouvons bien ce principe des rôles galants dans l'appellation Trompeurs exquis et coquettes charmantes A priori, ces termes pourraient semblaient antagonistes, trompeurs et coquettes étant des substantifs qui pourraient sembler péjoratifs, les adjectifs étaient eux clairement mélioratifs. Mais les trompeurs peuvent être exquis et les coquettes charmantes, car chacun ne joue qu'un rôle, convenu par tous. [...]
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