En 1678, paraît un roman intitulé « La Princesse de Clèves » qui est promis à un succès extraordinaire. Cette célébrité, d'ailleurs, ne s'est pas démentie jusqu'à nos jours, si l'on en juge par les multiples adaptations cinématographiques de cette œuvre, dont la plus connue est peut-être celle du cinéaste Jean Delannoy, avec Jean Marais et Marina Vlady. Tout en donnant une interprétation particulière des rôles du prince et de la princesse de Clèves, ce film des années 1960 a encore contribué à la renommée de l'ouvrage. Celui-ci nous frappe par la peinture bouleversante qu'elle donne de trois vies ravagées par l'amour : le prince et la princesse de Clèves, le duc de Nemours.
[...] Je ne me trouve plus digne de vous ; vous ne me paraissez plus digne de moi. Je vous adore, je vous hais, je vous offense, je vous demande pardon ; je vous admire, j'ai honte de vous admirer. Enfin il n'y a plus en moi ni de calme, ni de raison. Je ne sais comment j'ai pu vivre depuis que vous me parlâtes à Coulommiers et depuis le jour où vous apprîtes de Mme la Dauphine que l'on savait votre aventure. [...]
[...] Pourquoi ne le ne pas voir s'il ne vous a rien dit ? Mais, Madame, il vous a parlé ; si son silence seul vous avait témoigné sa passion, elle n'aurait pas fait en vous une si grande impression. Vous n'avez pu me dire la vérité tout entière ; vous m'en avez caché la plus grande partie ; vous vous êtes repentie même du peu que vous m'avez avoué et vous n'avez pas eu la force de continuer. Je suis plus malheureuse que je ne l'aie cru et je suis le plus malheureuse de tous les hommes. [...]
[...] L'instant est dramatique et dangereux : la princesse dit la vérité, tandis que son mari est obsédé par la jalousie, angoissée et profondément triste. L'allitération en f dans l'expression qu'elle lui en fît une finesse souligne peut-être le ton douloureux sur lequel il prononce la suite. Bref le ton révèle sa souffrance, mais le style est encore celui du policier, avec ses insistances, qui elle avait vu si c'était tout ce qu'elle avait vu ses constructions parallèles, Comme il vit qu'elle ne nommait point M.de Nemours et Comme elle ne l'avait point vu, elle ne le nomma point Le prince voudrait absolument entendre son épouse prononcer le nom de Nemours. [...]
[...] La Princesse de Clèves; quatrième partie, scène de jalousie - Mme de Lafayette Une scène de jalousie Il alla d'abord dans la chambre de sa femme et, après lui avoir parlé quelque temps de choses indifférentes, il ne put s'empêcher de lui demander ce qu'elle avait fait et qui elle avait vu ; elle lui en rendit compte. Comme il vit qu'elle ne nommait point M. de Nemours, il lui demanda, en tremblant, si c'était tout ce qu'elle avait vu, afin de lui donner lieu de nommer ce prince et de n'avoir pas la douleur qu'elle lui en fît une finesse. [...]
[...] Nous constatons alors qu'il s'agit d'une fausse logique, d'une logique passionnelle qui le porte à accuser sans véritable preuve. Il examine les faits sans objectivité, à la lumière de sa jalousie. Tous les pourquoi ne sont que de fausses interrogations, des interrogations oratoires qui n'attendent aucune réponse. Pourquoi faut-il que vous craigniez sa vue ? semble mettre l'accent sur la fatalité qui pèse sur le couple, et représente presque un aveu d'amour pour le rival. Puisque Madame de Clèves a du pouvoir sur la conduite de M de Nemours, elle est donc coupable de trahison. [...]
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