La princesse de Clèves, Madame de la Fayette, roman, passion, vertu, morale humaine, drame
L'extrait étudié se déroule à Coulommiers, lieu emblématique du roman où se cristallise l'intensité des sentiments refoulés. Alors que le duc de Nemours se retrouve à proximité du château, il est pris d'un élan irrésistible le poussant à s'y rendre, et il surprend une discussion entre Madame de Clèves et son mari. Le passage constitue un moment clé du roman, puisqu'il met en scène l'aveu de Madame de Clèves à son mari concernant ses sentiments pour le duc de Nemours. Alors que Monsieur de Nemours surprend leur conversation cachée dans un pavillon, il y assiste alors impuissant, et cette discussion bouleverse le destin des personnages. Ainsi, le passage met en scène la tension palpable entre les deux personnages conversant, mais également la tension du troisième personnage caché, qui ne peut intervenir. La scène est marquée par un long dialogue entre Madame de Clèves et son mari. Ce moment clé, attendu par le lecteur, révèle la passion envoûtante de Madame de Clèves, qui ne peut que faire ses aveux face à son mari, témoignant également d'une mentalité bien différente des moeurs de la cour. L'extrait souligne également l'attention discrète de M. Nemours dans son observation tout en ouvrant sur son point de vue à lui, le mettant ainsi malgré lui au centre de l'attention du lecteur.
[...] Alors, on distingue une certaine problématique nous amenant à nous demander en quoi il comporte une théâtralité exprimée à travers le dialogue direct et les intrusions narratives tout en soulignant l'importance du langage corporel de chaque personnage impliqué dans le problème. Afin d'étudier ce problème, nous verrons tout d'abord en quoi le discours direct omniprésent dans le passage participe à la mise en place d'une tension graduelle jusqu'aux aveux de Mme de Clèves. Nous verrons ensuite comment les intrusions narratives participent à la mise en scène d'un réel drame tout en appuyant sur le langage corporel du couple lors de leur échange, permettant une vraie théâtralisation du moment. [...]
[...] Ce choix reflète l'intensification dramatique du dialogue et l'angoisse croissante du mari face à l'attitude troublée de son épouse. La description des expressions du visage joue également un rôle clé, révélant la dualité entre Mme de Clèves, embarrassée et en proie à un conflit intérieur, et M. de Clèves, frappé par le choc émotionnel. Par exemple, lorsqu'il est écrit « répondit elle d'un air embarrassé » ou « elle baissa les yeux, incapable de soutenir son regard », on perçoit immédiatement son malaise et son incapacité à dissimuler son trouble. [...]
[...] de Clèves, puis sur le duc de Nemours, Mme de Lafayette tisse un réseau complexe d'émotions contradictoires, donnant à la scène une profondeur psychologique marquée par la lutte entre les désirs personnels et les contraintes morales. Ce mélange de passion, de souffrance et de renoncement souligne le destin tragique des personnages. Dès lors, avec l'effacement du prince, l'attention reportée sur les deux amants invite le lecteur à voir un dialogue implicite entre eux, partageant le trouble, la confusion, le choc émotionnel, entre soulagement et désespoir d'un amour impossible. [...]
[...] Loin de se limiter aux dialogues, la narration enrichit la scène en mettant en avant le langage corporel, aussi bien chez les protagonistes engagés dans la discussion que chez le duc de Nemours, simple spectateur mais aussi impliqué. En effet, la narration détaille minutieusement les états émotionnels des personnages, soulignant que ce sont avant tout leurs gestes et attitudes qui révèlent la vérité de leurs sentiments. Mme de Clèves, hésitante et troublée, tente d'éviter le regard de son mari, tandis que M. [...]
[...] Son trouble se nourrit de la tension implicite qui se crée entre eux, renforçant d'autant plus son besoin de vérité. Cette montée en tension se traduit par l'utilisation répétée d'exclamations et d'interrogations rhétoriques, qui reflètent l'incompréhension et l'agitation de M. de Clèves. Par exemple, lorsqu'il s'écrie « Ah Madame », son émotion est immédiatement perceptible. De même, son enchaînement de questions « Mais pourquoi ne voulez-vous point revenir à Paris ? Qui vous peut retenir à la campagne ? » témoigne de son incompréhension face au comportement de son épouse. [...]
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