Madame de Lafayette publie La Princesse de Clèves anonymement en 1678. Elle est de ces femmes qui fréquentaient les salons et qui ont contribué au développement de la littérature. Elle s'inscrit dans le mouvement de la préciosité qui accordait une grande importance au thème de l'amour et des questions qui en découlent selon les mœurs du XVIIe siècle.
L'intrigue de ce roman se déroule à la Cour des Valois peuplée de dames et de gentilshommes qui dans leur grande oisiveté ne se délectent que des écarts moraux des uns et des autres. Ils alimentent ainsi les spéculations entre eux sous couvert d'une prétendue discrétion. La morale et la bienséance dictent la conduite à adopter en public, et les plus grandes préoccupations de chacun, si ce ne sont pas de découvrir ce qui se passe dans la vie privée des autres, sont de cacher leurs propres écarts et leurs secrets. Ces problèmes sont bien entendu ceux de Madame de Clèves qui trouve indignes ses sentiments pour le Duc de Nemours et qui veut garder ce secret pour ne bafouer ni son honneur ni celui de son honnête mari. L'image et la superficialité prédominent dans le milieu mondain, et le fait de détruire ses sentiments adultères est visiblement moins important pour elle que de veiller sur sa réputation. Ceci est vrai jusqu'à la mort de Monsieur de Clèves. Après cela, Madame de Clèves refuse encore de s'adonner à ses désirs. Nous pouvons probablement le mettre sur le compte d'une influence janséniste connue de Madame de Lafayette qui a côtoyé ce milieu, étant l'amie de Monsieur de La Rochefoucauld.
[...] de Clèves a alors cette phrase-clef : La sincérité me touche d'une telle sorte que je crois que si ma maîtresse, et même ma femme, m'avouait que quelqu'un lui plût, j'en serais affligé sans en être aigri. Je quitterais le personnage d'amant ou de mari, pour la conseiller et pour la plaindre. C'est, parmi d'autres raisons, cette phrase qui décidera Mme de Clèves à lui avouer sa passion pour M. de Nemours (bien qu'elle ne le nomme pas), aveu qui entraînera la mort de M. [...]
[...] À aucun moment, dans le roman, Mme de Clèves ne disposera d'un allié, pas même m de Nemours, puisqu'elle se refuse à lui. Ainsi, lorsqu'un peintre vient réaliser les portraits de certains membres de la cour, événement qui paraît plutôt anodin, la princesse de Clèves subit une véritable torture morale. Le duc de Nemours profite d'un moment d'inattention de la part des personnes présentes pour voler le portrait de Mme de Clèves dont il est amoureux. Cela fonctionne presque : personne ne le remarque, sauf elle, qui ne sait pas comment réagir et élabore un raisonnement complexe pour finalement décider de le lui laisser. [...]
[...] La fameuse scène de l'aveu a ainsi été de nombreuses fois taxée d'invraisemblance par les contemporains de Mme de La Fayette, qui ne concevaient pas qu'une femme puisse avouer à son mari son inclination pour un autre. Et sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables est la phrase de conclusion du livre et souligne bien le caractère exceptionnel de Mme de Clèves. La confrontation de ce couple contrarié qui a des accents de préciosité avec le monde réel de l'époque de Mme de La Fayette se termine en désastre. [...]
[...] De plus, la princesse de Clèves, accaparée par son amour qu'elle s'interdit pour M. de Nemours, parvient rarement à deviner ses intentions ou celle des autres. Elle est par exemple si surprise de le trouver dans son jardin à la campagne qu'elle croit avoir rêvé. De plus, les règles régissant les us et coutumes de la cour sont d'une extrême complexité, du fait qu'il est naturellement impossible de comprendre totalement les motivations d'autrui, voire les siennes propres. Ainsi, à la fin du roman, Mme de Clèves préfère ne pas épouser M. [...]
[...] Par ailleurs, si l'on s'éloigne de l'intrigue principale, ces récits sont des illustrations de la manière dont les nobles interagissaient à l'époque. Les mariages n'étaient que de pure convenance, on cherchait le meilleur parti, et donc les relations adultères étaient la norme, bien qu'il fallait qu'elles restent secrètes. C'est ce que dit Mme de Chartres sur son lit de mort à sa fille : elle lui enjoint de ne pas tomber comme les autres femmes De même, à la cour et en privé ou ce qui tenait lieu de privé à l'époque tous discutent des relations amoureuses entre amants et maîtresses supposent que l'inconnue dont M. [...]
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