Princesse de Clèves, Madame de La Fayette, prose, roman d'analyse, espace particulier, ressources linguistiques, ressources stylistiques
Le roman « La Princesse de Clèves » de Madame de La Fayette est considéré comme le précurseur de ce qu'on appellera le « roman d'analyse ». Ce type d'oeuvre s'attèle à étudier les méandres du coeur humain.
Cette oeuvre explore les conditions d'une expression authentique de soi dans la prose, mettant ainsi au jour les moyens propres du roman moderne.
Comment le travail de la prose devient-il le lieu d'une peinture des replis du coeur et prend-il l'enjeu d'une publication de l'espace intérieur ?
Nous étudierons d'abord les ressources linguistiques et stylistiques de l'exploration du coeur humain, pour comprendre ensuite la façon dont la prose permet au roman de se constituer comme publication d'un espace particulier.
[...] La chaîne tragique initiée par l'aveu montre l'impossibilité d'une expression authentique de soi et d'une reconnaissance du particulier par le public. Nemours apparaît comme le double du lecteur qui médiatise l'accès à la scène romanesque, on a là la mise en abyme d'une activité critique : cette histoire ne me semble guère vraisemblable . [...]
[...] elle trouva . elle pensa puis la 3[ème] se subdivise elle-même en 4 propositions subordonnées complétives juxtaposées. Enfin, certains dialogues apparaissent comme des lieux discursifs de l'expression de soi, notamment lorsqu'ils sont retranscrits au style direct. On peut y voir les mêmes registres que dans les récits de pensées. On y retrouve : registre pathétique, ponctuation expressive, interjection et marqueurs de l'interlocution : Ah Madame, lui dit monsieur de Nemours, quel fantôme de devoir opposez-vous à mon bonheur ? Quoi . [...]
[...] La langue s'y manifeste comme un instrument d'investigation morale. Les récits intérieurs notamment ont cet enjeu analytique. Par exemple, l'auteure s'attache à désagréger les composantes d'une crainte complexe : cette décomposition s'opère par le jeu des synonymes du lexique moral ( crainte , appréhension , inquiétude , peine accentué par le parallélisme de construction des subordonnées les complétant : chaque subordonnée mime ici un repli du cœur. Lieux discursifs du particulier L'œuvre renferme des récits de pensées au style direct, d'autres au style indirect, et certains dialogues marqués par la sincérité. [...]
[...] Les fragments syntaxiques sont plus courts, rendant l'écriture plus cadencée : ce sont les lieux discursifs de l'émotivité. Quant aux récits de pensée au style indirect, ils prennent la forme de remarques brèves ou de longues méditations, et témoignent d'un effort réflexif du personnage. L'hypotaxe est utilisée pour mimer l'intelligence organisatrice. Les longues méditations de Mme de Clèves mettent en scène un effort de ressaisie de soi : ces séquences sont introduites par les marques de son trouble ou de son embarras ou de sa surprise . La méditation qui suit la remarque clairvoyante de M. [...]
[...] La force objectivante de l'écriture se manifeste également par un processus de médiatisation des pensées d'autrui dans l'écriture en hypotaxe. La phrase complexe permet de distinguer le plan du narrateur dans les subordonnées principales du plan d'une conscience particulière dans les propositions subordonnées. L'emploi de subordonnées encadre les pensées du personnage dans une forme syntaxique secondaire, régie par le discours du narrateur. On trouve dans les propositions principales une forme de neutralité, de transparence, ainsi qu'un lexique et une syntaxe simples : le style y est dépouillé. Les subordonnées présentent quant à elles des éléments d'individualisation du vécu. [...]
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