Prince, Machiavel, chapitres, XV, XVIII, XXV
Le Chapitre XV marque le début de la seconde partie de l'ouvrage. Si dans la première partie, Machiavel décrit les mécanismes des principautés, la deuxième partie est consacrée au Prince lui-même.
Dans ce Chapitre, l'auteur italien pose sa thèse a la fois novatrice et controversée concernant les vices et les vertus qu'un Prince doit acquérir pour entretenir des relations appropriées avec ses sujets, et plus généralement, pour conserver le pouvoir.
Le Chapitre XVIII est une continuation du sujet traité au Chapitre XV. Le Chapitre XV a traité des vertus et des vices en général, le Chapitre XVI s'est consacré a la libéralité et l'avarice, le Chapitre XVII a traité de la cruauté et de la clémence, le Chapitre XVIII parle de la fidélité à la parole donnée. On retrouve dans ce chapitre les rapports entre les sphères de la morale et de la politique, et on retrouve ainsi a nouveau la nécessité de l'efficacité dans la politique, contrairement a la morale au sens courant, qui reste d'importance secondaire.
Le Chapitre XXV traite de la fortune et des moyens de la soumettre. La soumission de la virtu s'effectue majoritairement par la virtu (qualités qui permettent de conserver le pouvoir, pas la vertu morale).
[...] Le Prince doit donc intervenir pour maitriser cette société, prendre le pouvoir et ensuite le conserver. Pour atteindre ces buts, il doit « apprendre a ne pas toujours etre bon, mais a user de la bonté selon les circonstances ». C'est a dire que pour conserver son pouvoir, le Prince doit apprendre a faire un bon usage de vices et de vertus. Dans la deuxième moitié de ce chapitre, Machiavel se consacre donc a l'usage approprié de vices et de vertus qui permettrait au Prince de conserver son pouvoir. [...]
[...] A partir de là : « Puisque la fortune est tant variable, les hommes étant obstinés [dans la même manière d'agir], je juge qu'il est mieux d'être impétueux que circonspect car la fortune est femme pour la tenir soumise, il faut la traité avec rudesse . ] » Viser à percer le destin, et de manière métaphoriquement violente et explicite : on a là toutes les perspectives de la modernité. Eloge du volontarisme de l'agir, il s'agit de secouer la fortune pour la maitriser, la seule manière de maitriser son destin, c'est l'action politique. [...]
[...] Il faut alors que le Prince cultive certaines vertus et se garde de certains défauts afin de conserver le pouvoir. La maitrise de l'usage des qualités et des défauts est donc nécessaire. Il y a des vices qui « peuvent faire perdre des États » mais il y a également des vices qui peuvent « sauver la Couronne ». Ainsi, conclue-t-il, « certaines choses paraissent vertueuses qui pourtant a les suivre entraineront la ruine du Prince, tandis que d'autres, qui paraissent vicieuses, lui donneront bien-être et sécurité. [...]
[...] Machiavel suppose que pour bien gouverner les hommes, « il faut donc qu'un prince sache agir à propos, et en bête et en homme », c'est-a-dire faire recours aussi bien a la force qu'a la loi. L'emploi de la force est donc politiquement juste. L'écrivain rajoute que les Anciens étaient également conscients de cette nécessité de gouverner de manière mi-bête, mi-humaine. Il donne l'exemple « d'Achille et plusieurs autres héros de l'antiquité avaient été confiés au centaure Chiron, pour qu'il les nourrît et les élevât ». Dans le paragraphe suivant, Machiavel introduit une nouvelle distinction concernant le nécessaire « usage de la bête ». [...]
[...] Ce propos illustre a nouveau sa pensée réaliste et sa démarche quasiment scientifique, basée sur l'expérience. Léo Strauss parlera d'une révolte réaliste chez Machiavel; il y aurait un oubli du devoir être, de l'éternité, on accepterait le réel en tant que tel. Le penseur poursuit son argumentation en mettant en avant un autre principe important découlant du réalisme et justifiant sa thèse : l'existence d'une condition humaine imparfaite. En effet, pour Machiavel, mais aussi pour d'autres auteurs réalistes comme Hobbes ou Zimmel, l'homme n'est pas forcément bon par nature. [...]
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