Le Prince, chapitre XVIII, Machiavel, moment de fondation de son Etat, prince, conduite, personnalité
Lorsque Nicolas Machiavel (1469‐1527) écrit son oeuvre Le Prince, dont est extrait ce document, son but est double : il s'agit d'affirmer ses thèses de philosophie politique mais en premier lieu de rentrer dans les bonnes grâces des Médicis, dont le retour au pouvoir à Florence en 1513 a provoqué la disgrâce de Machiavel (il s'était opposé à eux), son emprisonnement puis son éloignement forcé des affaires de la cité. Il avait jusque là servi Florence, notamment en tant que diplomate et a donc une expérience personnelle des luttes de pouvoir au cours des « guerres d'Italie ». Le Prince se présente comme un guide pour le souverain de Florence et son auteur s'adresse directement à Laurent de Médicis. La situation politique de l'Italie, qui est une toile de fond du Prince, est particulièrement volatile puisque la péninsule est divisée en seigneuries et cités‐états qui s'entredéchirent tout en étant la proie des grands royaumes de France et d'Espagne qui revendiquent des droits sur certains territoires. L'oeuvre de Machiavel s'adresse à un prince dont le pouvoir est récent et donc fragile, d'autant que les Médicis ont déjà été chassé de Florence quelques 15 ans plus tôt. Cet extrait aborde la question de la loyauté du prince et du respect ou non de la parole qu'il a donnée, et plus généralement de l'apparence du prince et du comportement dont il doit faire preuve au pouvoir s'il tient à conserver ce pouvoir. Machiavel soulève alors le problème du mal en politique à l'aune d'exemples qu'il tire de son expérience personnelle et de la situation politique pour le moins changeante de l'Italie du début du XVIe siècle.
[...] A.Le masque du prince Pour Machiavel, comme nous l'avons vu, le prince ne peut se permettre d'agir vertueusement de manière permanente, à cause des exigences de sa situation précaire. Mais pour pouvoir agir efficacement, il doit être capable de cacher ses sentiments réels, d'où l'importance de la tromperie et de la dissimulation, car il faut qu'il paraisse vertueux. Dans un monde où prévaut encore la conception antique du visage exprimant les qualités de la personne (les yeux sont par exemples considérés comme le miroir de l'âme la dissimulation prend tout son sens. [...]
[...] Comment le moment de fondation de son Etat par le prince forge par nécessité sa conduite et jusqu'à sa personnalité ? Machiavel montre, par un constat réaliste, que le prince doit transformer la vision traditionnelle du souverain pour faire face aux dangers. Puis il affirme la nécessité de dissimuler et de tromper en vue de la seule finalité de l'action du prince. I. La transformation du prince traditionnel face à la réalité des guerres d'Italie. A. Le prince, en l'occurrence Médicis, se trouve en butte à de multiples dangers. [...]
[...] L'auteur du Prince évoque la multiplicité des exemples modernes et évoque la conduite du pape Alexandre VI Borgia. Alexandre VI ne fit jamais que tromper, il ne pensait pas à autre chose écrit‐il. Ce faisant, il désacralise la fonction papale en des termes sans équivoques, démontrant que la politique de la papauté est une politique de puissance comparable à celle des autres états. En effet, les actions d'Alexandre VI vont en ce sens, comme celles de son successeur Jules II. [...]
[...] Machiavel veut mettre fin à la conception idéaliste qui prévalait au Moyen‐âge de souverain habile et efficace car vertueux. Le contexte de guerre permanente est essentiel dans la pensée de ce texte et constitue une toile de fond. Les guerres d'Italie durent depuis 1494 de manière quasi‐ininterrompue et sont la cause de nombreux bouleversements politiques dans les cités‐états de la péninsule italienne, bouleversements dont Machiavel fut un témoin direct. Lorsqu'il écrit qu'un prince peut combattre de deux manières il utilise ce verbe réservé au vocabulaire de la guerre en toute connaissance de cause. [...]
[...] Machiavel se vit diabolisé, ce qui explique la postérité du terme machiavélique et le sens qu'il garde jusqu'à aujourd'hui. BIBLIOGRAPHIE : MILZA Pierre, Histoire de l'Italie, Fayard TENENTI Alberto, Florence à l'époque des Médicis, Flammarion MACHIAVEL Nicolas, Le Prince, Ed. [...]
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