[...] L'ordre des lecteurs n'est pas indifférent ; après la mauvaise lecture des paysans, suit la lecture tragique de la jeune femme, elle-même dépassée par la lecture pleine de sensibilité, de l'homme de qualité.
L'attitude de la population locale de Pacy, est connotée négativement avec l'adjectif épithète "curieuse" (l.3). Il s'agit bien d'une curiosité malsaine, instinctive, à l'égard d'un sujet bas : le sort de prostitués. Cette lecture est garantie par l'archer qui s'en fait le porte parole : son commentaire au discours direct : (l.8-12) délivre une première version de l'histoire. L'emploi de la négation "ce n'est rien" (l.8) ainsi que le présentatif indique le peu d'intérêt éprouvé par ce personnage. On note même une lecture de voyeurs attirés par le scandale et l'immoralité : "une douzaine de filles de joies" (l.8), "existe" (l.11), "curiosité" (l.12). La connotation péjorative est aussi perceptible à travers un système de rappel synonymique "tumultes" (l.2), "confusion" (l.5), "désordre" (l.8) qui traduit une grossièreté sociale. De plus, Manon est assimilée d'emblée à une fille de joie, elle est confondue avec le groupe qui l'entoure ; c'est donc une lecture sans finesse qui ne distingue pas Manon comme le personnage éponyme.
[...] Celle-ci propose une lecture de Manon calquée sur une représentation tragique. Le champ lexical de la tragédie est important : "fendre le coeur" (l.17), "criant" (l.14), "barbare", "horreur et compassion" (l.15). Non seulement elle parle de spectacle et évoque les buts traditionnels de la tragédie qui sont d'inspirer horreur et compassion mais elle adopte elle-même une attitude théâtrale : "joignant les mains" (l.14) et elle pousse des cris "criant" (l.14) et des exclamations "exclamations" (l.13) (...)
[...] Un début in medias res L'histoire de Manon et de Des Grieux est saisie par le narrateur non pas à son commencement mais à un point proche de son dénouement. Ce début en cours d'action présente un avantage pour la narration : il pique la curiosité du lecteur et suscite son intérêt ; comme l'homme de qualité, le lecteur cherche à se frayer un chemin parmi les informations contradictoires. La réussite de cette ouverture in medias res tient au fait que la curiosité du lecteur ne se porte pas sur la suite mais sur ce qui a précédé. [...]
[...] La proposition principale : il y en avait une (l.21) placée en position centrale met en valeur le personnage et en souligne la grandeur. Cette lecture dépasse les apparences, néglige la saleté du linge pour ne retenir que le regard. La décence de Manon est perceptible pour un lecteur de qualité. Les termes horreur et compassion sont devenus du respect et de la pitié (l.25), la tonalité n'est plus tout à fait tragique : l'héroïne ne fait plus peur mais force l'admiration. [...]
[...] I Trois types de personnages s'intéressent à l'héroïne éponyme La narration se fait à la première personne et est accentuée par les différents points de vue des personnages à l'égard de Manon qui elle n'apparaît qu'en dernière partie. A. Le regard de la populace L'ordre des lecteurs n'est pas indifférent ; après la mauvaise lecture des paysans, suit la lecture tragique de la jeune femme, elle-même dépassée par la lecture pleine de sensibilité, de l'homme de qualité. L'attitude de la population locale de Pacy, est connotée négativement avec l'adjectif épithète curieuse (l.3). Il s'agit bien d'une curiosité malsaine, instinctive, à l'égard d'un sujet bas : le sort de prostitués. [...]
[...] A Amiens au contraire, tout sera éclipsé par sa seule présence. B. Un tableau pittoresque Nous avons affaire à une véritable scène de genre qui met en avant les éléments concrets et les détails. Tout semble observer les mouvements : avançait poussant venir conduis descendre (l.18), j'entrai (l.19) et enfin tourner (v.20), les vêtements saleté de son linge et de ses habits l'enlaidissait (l.24), le réalisme est aussi perceptible avec des détails à propos de la déportation s'enchaînent (l.26), enchaînais six par six par le milieu du corps (l.20). [...]
[...] On voit se détacher progressivement une intrigue et des caractères romanesques dont la vérité importera plus que la fidélité au réel. Le tableau de la déportation devient peut à peu second plan et l'histoire s'abolit derrière un visage pudique et mystérieux. [...]
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