Commentaire composé sur le poème Vendanges du recueil de Verlaine Jadis et Naguère.
[...] Verlaine, Vendanges Texte : Les choses qui chantent dans la tête Alors que la mémoire est absente, Ecoutez, c'est notre sang qui chante . O musique lointaine et discrète ! Ecoutez ! C'est notre sang qui pleure Alors que notre âme s'est enfuie, D'une voix jusqu'alors inouïe Et qui va se taire tout à l'heure. Frère du sang de la vigne rose, Frère du vin de la veine noire, O vin, ô sang, c'est l'apothéose ! Chantez, pleurez ! Chassez la mémoire Et chassez l'âme, et jusqu'aux ténèbres Magnétisez nos pauvres vertèbres. [...]
[...] C'est : seul verbe, verbe d'état (substantifs et adjectifs) Parallélisme entre les vers 9 et 10 : choses semblables (frère du, de la, adjectif, couleur, etc. ) En partenariat avec www.bacfrancais.com Vin et sang : frères jumeaux, tous deux liquides rouges, les deux peuvent être associés à la vie Rouge : violence Sang : veine noire Vin : veine rose Frère : anaphore O vin, ô sang : récapitulation des vers 9 et 10 C'est : le vin et le sang Théos : D.ieu Apothéose : la déification des empereurs romains après leur mort (sens ancien) Sens commun : glorification, triomphe, apogée Cette troisième strophe est religieusement connotée (communion entre le vin et le sang, vin et sang du Christ). [...]
[...] Analyse : Ce poème est issu du recueil Jadis et Naguère date à laquelle le divorce entre Verlaine et sa femme est prononcé. Il se livre à des semaines de vagabondage et fait même sept semaines de prison. C'est un recueil de poèmes écrits à diverses périodes et très structuré. Jadis et naguère sont deux termes synonymes. A Georges Rall : directeur d'une revue littéraire (Lutèce) Ce poème figurait déjà dans un autre recueil de Verlaine, sous le titre Automne Automne : feuilles mortes, mélancolie, fin de l'été Vendanges : vivant, travail humain, vin, fête Deux connotations différentes : mélancolie/vie (automne/vendanges) En partenariat avec www.bacfrancais.com Le poème est composé de endécasyllabes (neuf syllabes). [...]
[...] Cela se voit dans la structure même du poème, structure apparemment circulaire (retour au début) mais, en fait, il y a eu transformation et non retour (apothéose). Cette intensité est mise au service de l'oubli, la perte de la mémoire, de sa propre identité. Le point d'aboutissement est l'apothéose, état très ambiguë, divin, d'ivresse divine mais perte de son être profond, de son identité, de son âme. Ce sentiment est présent tout le long du poème, les contraires (vin et sang, par exemple) deviennent frères. [...]
[...] Vertèbres : os, terme étrange dans un poème, dernière partie du corps en décomposition Pauvres : pauvre de nous, les vertèbres En partenariat avec www.bacfrancais.com Magnétisez : aimantez, champ magnétique, faire bouger nos pauvres vertèbres Jusqu'aux ténèbres : jusqu'à la mort Opposition : éloigner l'âme/ramener le corps Synthèse : On assiste, dans ce poème, à un combat contre la mémoire. Vivre l'instant présent La vie avec deux thèmes : bonheur (chanter) / malheur (pleurer). Dès le premier examen, on remarque que les contraires coexistent. Vivre l'instant présent : être à l'écoute de son propre corps, représenté ici par la tête, le sang, les vertèbres. Première ligne : tête ; dernière ligne : vertèbre. Le sang est, dans l'imaginaire du poète, lié au vin. [...]
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