Nous avons affaire à un blason, le poète va célébrer une partie du corps de la bien-aimée. La partie choisie, le sein, va donner une ambiance érotique et sensuelle au poème. Référence au sein lui même au vers 2 et référence à une de ses fonctions, la lactation au vers 3. Ce n'est pas l'enjeu du texte de rappeler cette vocation maternelle. Le sein est ici évoqué pour célébrer la bien-aimée.
Immédiatement, se met en place une métaphore : la femme devient paysage. Métaphore du jardin et de la fleur. Il y a comme un effet d'irréalisme, le sein devenu jardin est promis au vert. Il y a une rupture à l'intérieur de ce texte puisque vient s'ajouter à cette atmosphère poétique un univers qui est un univers mythologique traditionnel avec référence à cupidon et à la thématique des flèches. Derrière cette transformation poétique naît une sensualité. C'est de la vue de ce sein que naît le sentiment amoureux.
[...] Ronsard propose une sorte de promenade, s'en aller, descendre. C'est l'image de la descente aux enfers (mais dans la religion de l'antiquité). Nous avons une réminiscence qui est une réminiscence classique. La présence d'Apollon et de son fils. Face à ce qui se désagrège, la poésie est encre tenue. Elle est encore capable de saisir et de retenir ce qui s'en va. Elle met de l'ordre, organise un cosmos au moment même où elle est en train de peindre la désagrégation. [...]
[...] Il ne peut pas ne pas adhérer à ce qu'a écrit Ronsard. On avait un adieu au monde (deuxième quatrain) on a à l'avant-dernier vers un adieu aux hommes et un adieu aux êtres chers. Très forte émotion, répétition de l'adjectif cher. Affection, amour, nous sommes dans une merveilleuse situation de tendresse. [La marquise de Sévigné disait que la civilisation est née avec l'invention de la tendresse]. Ici, univers dans lequel on est entouré de proches, va activer l'émotion. On avait une promenade, un départ. On a un nouveau départ. [...]
[...] Le rire vient marquer une sorte de totale immoralité, d'absence complète de sens des valeurs. Le texte ne peut pas être pris comme une sorte de document historique sur ce qu'ont été les protestants, c'est en revanche un témoignage extrêmement précieux des querelles idéologiques qui ont affronté catholiques et protestants. Ici point de vue politique, on est en guerre, ne cherche pas la justice. Poésie de Ronsard sort métamorphosée : terminé le pétrarquisme. Poésie est devenue arme. Elle est beaucoup plus âpre qu'elle ne l'était autrefois et certainement aussi d'une ampleur supplémentaire. [...]
[...] Nous avons ensuite une sorte de surenchère dans la violence. La motivation qui était celle de l'avarice passe au second plan. C'est dans le ne pas seulement contant que se joue une forme de surenchère. La violence devient gratuite, on n'a plus la présente de l'avarice ou de la faim. Les enjeux sont bien au-delà des considérations économiques et matérielles, le texte prend une dimension religieuse : chasser du corps l'âme Cette âme est extirpée du corps par une violence qui est de l'ordre quasiment religieux. [...]
[...] Ronsard, poète de l'amour, qui chante des odes est amené à complètement métamorphoser son écriture. Ces deux enjeux sont à étudier de façon concomitante. Vers 1 à 8 sont une adresse à la reine, ensuite peinture de la situation de la France et attaque de nouveaux chrétiens. Texte programmatique, discours, le je se met en scène. Des particularités : Catherine Médicis évoquée au vers 1 disparaît complètement. L'interlocuteur disparaît complètement. Les générations à venir deviennent l'interlocuteur principal. Cela se substitue au fond à la reine qui normalement est la personne à qui l'on adresse le discours. [...]
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