Commentaire composé semi-rédigé d'un extrait du roman Etoile errante de Le Clézio intitulé "Le portrait d'Esther".
[...] L'auteur y autorise, en disséminant phonétiquement dans le récit plus de quatre-vingt-cinq occurrences du son è que l'on trouve à la fois dans Hélène, Grève et Esther. A partir de là, une logique poétique s'impose. Esther, est-ce terre Elle aimait surtout la grande pente herbeuse / est-ce air ? qui montait vers le ciel Une énigme romanesque La datation de cette scène est 1943. Les connotations du titre étoile/ errante et le prénom Esther suggèrent alors l'identité possible de la jeune fille. [...]
[...] Un portrait- celui d'une jeune fille- s'amorce ainsi. II/ Un personnage en devenir Une sensorialité en fête Le personnage se résume à l'animation de ses sens, essentiellement l'ouïe, la vue, le toucher, l'odorat. Certains se reprennent avec un effet d'intensification festif : bruit de l'eau/ cascadait joyeusement ; le soleil se mettait à brûler avec la brûlure de l'été [ . ] il y avait un bonheur Une sensualité en éveil Le corps de l'enfant devient adolescent comme le révèle la mention de son âge : «Elle avait treize ans Elle s'éveille au plaisir des sens. [...]
[...] Le narrateur tait sa situation. S'agirait-il d'une petite juive cachée ? C'est ce qui pourrait expliquer son épanouissement de la jeune fille au sein d'une nature complice. Conclusion Ce texte est révélateur de l'art de Le Clézio. L'écrivain exalte, dans une écriture au lyrisme dominé, la puissance de la nature. Au contact des éléments naturels fondamentaux comme l'eau, la terre, le soleil, les personnages de Le Clézio retrouvent un équilibre physique. Face à des paysages inhabités, leur conscience s'apaise. Attirés par l'infini cosmique, leur imaginaire acquiert une grandeur que l'écrivain tente, comme dans ce texte, de cerner dans des digressions méditatives. [...]
[...] Etoile errante, publié en 1992, s'ouvre sur le portrait du personnage principal, Esther, qui vit dans le Midi, à Sainte-Thérèse-Vésubie. La scène se déroule durant l'été 1943. Lecture Elle savait que l'hiver était fini quand elle entendait le bruit de l'eau. L'hiver, la neige avait recouvert le village, les toits des maisons et les prairies étaient blancs. La glace avait fait des stalactites au bout des toits. Puis le soleil se mettait à brûler, la neige fondait et l'eau commençait à couler goutte à goutte de tous les rebords, de toutes les solives, des branches d'arbre, et toutes les gouttes se réunissaient et formaient des ruisselets, les ruisselets allaient jusqu'aux ruisseaux, et l'eau cascadait joyeusement dans toutes les rues du village. [...]
[...] Elle n'allait pas jusqu'en haut, parce qu'on disait qu'il y avait des vipères. Elle marchait un instant au bord du champ, juste assez pour sentir la fraîcheur de la terre, les lames coupantes contre ses lèvres. Par endroits, les herbes étaient si hautes qu'elle disparaissait complètement. Elle avait treize ans, elle s'appelait Hélène Grève, mais son père disait : Esther. J.-M.G. Le Clézio, Etoile errante (1992) Etude Un paysage poétiquement évoqué Le cycle des saisons L'hiver efface les marques de vie : il est représenté comme une force uniforme qui nie toute forme et toute couleur : L'hiver, la neige avait recouvert le village, les toits des maisons et les prairies étaient blancs. [...]
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