Lecture analytique de l'extrait "Le papillon" tiré de l'oeuvre de Francis Ponge Le Parti pris des choses.
[...] Comme désir, le papillon n'a que les fleurs à tel point qu'il en devient les pétales envolés : maltraité par le vent en pétale superfétatoire une forme d'accessoire inutile, superfétatoire de celles-ci. La chenille était collée à la terre, elle n'était qu'une avec elle, le papillon, lui, se fond dans l'air. Le vagabond des airs De la chenille au papillon, on passe de la terre à l'air, de l'élément le plus lourd au plus subtil : «Minuscule voilier des airs l'envol se fait ascension, de la chenille à l'insecte c'est aussi un changement de dimension, davantage même, un changement d'être. Comment un être aussi rampant peut-il devenir aussi volant ? [...]
[...] Dans cette transformation il y a quelque chose de magique, de merveilleux. On a vu dans la chrysalide l'image de la mort et de la résurrection. Dans le cocon, véritable tombeau, la chenille meurt pour ressusciter, le ver, la chenille est ignoble, il représente le corps, la vie terrestre. Le papillon est merveilleux, il est beau, il représente la vie Céleste, celle de l'âme détachée du corps. Le corps mortel est de boue, de terre, le corps céleste est de feu et d'air, le papillon représente ce corps de gloire qui a vaincu la mort. [...]
[...] Dans l'ancienne science on croyait à la génération spontanée, on pensait que les insectes naissaient de la boue. C'étaient donc des êtres asexués dont la génération n'était précédée d'aucune fécondation. C'est quand surgit le sucre au fond des fleurs qu'apparaissent les Papillons, ils prennent alors leur envol. Ils apparaissent appelés par le sucre, leur vol est erratique, hasardeux, il ne semble pas obéir à une motivation précise, ils sont aveuglés, ivres. Le papillon a comme nature le feu, c'est une allumette volante dont la flamme n'est pas contagieuse. [...]
[...] et dans le papillon il reste de la chenille atrophiée ! par paronomase, sa guenille ! Guenille, défroque, sont des termes par lesquels le mystique désigne son corps mortel, sa dépouille mortelle dépouille comme guenille a comme sens possible le vêtement. Le mystique dans son aspiration à gagner l'autre monde, martyrise cette guenille, cette dépouille misérable, mais c'est à un dépouillement total, à un déshabillage intégral que tend son âme. Le Papillon ne se serait, dans le cocon dépouiller que d'une partie de son vêtement, la chenille n'aurait été qu'une apparence vestimentaire du papillon dont il se serait défait dans l'explosion de la chrysalide. [...]
[...] C'est qu'avant le papillon, il y avait la chenille. Chrysalide La chenille c'est l'inavouable du papillon, son passé caché qu'il ne veut plus reconnaître, quand il rampait, quand il mangeait la terre. Son apparence était ignoble, rien à voir avec la beauté présente, il a gardé quelque ressentiment de cet état passé, pire, un sentiment d'humiliation. Son abdomen garde les stigmates de cette laideur, c'est lui qu'il plonge dans la corolle des fleurs, guenille atrophiée qu'il enfonce en dard dans les fleurs qu'il pénètre. [...]
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