Dans ce texte en prose, Francis Ponge nous présente l'huître comme un monde unique et merveilleux. Il suscite notre curiosité et notre admiration pour ce coquillage tout en faisant appel à des sensations parfois repoussantes.
[...] Il insiste doublement sur cette connotation d'une part par l'emploi de l'italique et d'autre part par le contenu de la parenthèse à proprement parler qui souligne un commentaire personnel (l.11). Il ne faut donc pas prendre le mot firmament comme une image mais au sens propre. Par conséquent, l'huître est un univers à elle seule entourée de cieux au-dessus et en-dessous (l.12 et 13). Sa poétisation par la personnification fait appel à des caractéristiques également valorisantes et insiste sur cette idée de totalité fermée sur elle-même. Elle est entêtée monde opiniâtrement clos mais il s'agit d'une forme noble de résistance car elle protège le secret d'un univers. [...]
[...] Mais, par le suffixe -ule étant un diminutif, le mot formule désigne tout autant une petite forme qui peut ainsi être, parfois très rare(ment) perle Au jeu sur le sens polysémique du mot formule s'ajoute le jeu grammatical sur la nature du mot perle à la fois nom verbe selon son emploie dans la phrase. Ainsi dans cette approche poétique, à travers les possibilités créatives qu'offre le langage, l'huître est transfigurée, magnifiée, élevée au rang d'un univers magique et secret, d'une personne noble, par son être, son entêtement à se protéger et par la richesse de sa frange de dentelle Il s'agit vraiment d'un éloge de l'huître. II) L'homme et l'huître. [...]
[...] Introduction : Francis Ponge, né en 1899 et mort en 1988, est contemporain du surréalisme mais n'y a adhéré que très peu de temps. Refusant que JP Sartre le classe parmi les poètes «existentialistes1», il écrit, en 1956, que «Poète, c'est un mot, un mauvais mot2» et préfère parler de «Proèmes» c'est-à-dire de poèmes en prose plutôt que de poèmes. Il se donne pour mission de rendre compte des choses –objets, animaux- qui sont en dehors de notre langage c'est-à-dire muets. [...]
[...] Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en-dessus s'affaissent sur les cieux d'en-dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur 15 et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords. Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner. Francis Ponge. Le Parti pris des choses.1942. [...]
[...] Enfin l'appel au goût insiste sur l'ambiguïté de l'animal : un monde à boire et à manger ce qui en fait quelque chose d'indéfini, d'indéterminé, aux frontières du solide et du liquide et renforce la curiosité du lecteur, le mystère de ce monde opiniâtrement clos (l.3). En effet, tout en privilégiant la description objective de l'huître, presque naturaliste, non seulement il n'en rend compte qu'imparfaitement mais encore de manière contradictoire puisqu'il sollicite la subjectivité du lecteur en recourant aux cinq sens. Le parti ainsi pris, par cette première tentative de description ne peut satisfaire le poète dans son projet de faire s'exprimer les êtres qui sont hors du langage. La connaissance par les sens n'est qu'une apparence (l.2). [...]
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