Lecture analytique de l'extrait "Le mollusque" tiré de l'oeuvre de Francis Ponge Le Parti pris des choses.
[...] Verbe incarné comme lettre, il reçoit l'hommage du public en adulation, en flatterie excessive. A chacun de se reconnaître dans ce singe manqué qui (nous) salue nous voilà, lecteurs, interpellés. S'il dévaste tous les cœurs, s'il les accroche à sa mèche, c'est qu'il a un succès indéniable auprès des autres individus de son espèce, il en est adulé. Pourtant la formulation : parangon adulé de la bêtise humaine paraît bien équivoque, est-ce le parangon de la bêtise humaine ou le parangon adulé par la bêtise humaine, les deux lectures ne se recoupent pas exactement. [...]
[...] La virilité dans le gymnaste paraît exacerbée, exagérée, mais paradoxale. Pourtant la finale du mot en montre à l'évidence que notre bourreau des cœurs ne profite pas des attributs avantageux de sa sexualité, s'il dévaste les cœurs, il se doit d'être chaste Enfin, en animal viril, il se doit encore de jurer, et son juron est BASTE, c'est-à-dire une francisation du basta italien, nous renvoyant à la même finale –aste qui est celle de son nom. La fatuité du personnage est soulignée par la prosodie, le rythme de la phrase, trois hexamètres chacun terminé en : Tous les cœurs il dévaste mais il se doit d'être chaste et et son juron est baste le poète reprend le sens de la formule du bateleur, la versification facile et le jeu de mot trivial. [...]
[...] L'accroche-cœur, la boucle supérieure de la lettre, signale le bourreau des cœurs, le magnétisme animal qui attire irrésistiblement les femelles. Est-ce à dire que le spectacle serait celui d'une parade sexuelle ? Sans doute car : Tous les cœurs il dévaste De plus, le s'il est en minuscule, nous donne l'image de l'organe avantageux que moule en plis le maillot de l'athlète, l'on passe du visage et sa pilosité, à l'aine avec la queue à gauche comme pour le y minuscule quand on le regarde de face, mais nous sommes victime de l'illusion du texte en miroir, la queue serait en fait à droite ; pour le Y majuscule qui nous est ici montré, la queue est pendante et verticale, ni à droite ni à gauche. [...]
[...] Je pense encore qu'il s'agit là d'une imprégnation de la sensibilité par la figure typographique du mot (le plus souvent selon le bas de casse, à cause de la quantité ingurgitée). Ces mots, donc, que vous êtes en train de lire, c'est ainsi que je les ai prévus : imprimés. Il s'agit de mots usinés, redressés (par rapport au manuscrit), nettoyés, fringués, mis en rang et que je ne signerai qu'après être minutieusement passé entre leurs lignes, comme un colonel. [...]
[...] A la différence de la chenille processionnaire, le gymnaste après sa chute ne s'enfonce pas sous terre mais rebondit. III L'image de l'homme Les deux premières lettres du mot Gymnaste nous avaient rendu l'image d'un mâle à la virilité très marquée, nous sommes donc bien en face d'une représentation de l'Homme, le gymnaste représente quelque chose de l'homme, il est typique d'un caractère humain, la bêtise nous dit le poète. Pas assez bestial pour être une bête il réussit cependant à être bête ! [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture