Abbé Poiret, "Lettres de Barbarie", Lettre II : commentaire

Résumé du document

Alors, il se résout à parler au docteur Forestier, de La Calle, la ville de son exil ; c'est un ramassis de scélérats, écrit-il, qui exploite de pauvres bougres. On ne saurait situer La Calle sur une carte de géographie ; on ne découvrirait que la position du « Bastion français » à trois lieues de la ville ; suit une explication du motif de cet isolement (...)

Extraits

[...] La Calle Alors, il se résout à parler au docteur Forestier, de La Calle, la ville de son exil ; c'est un ramassis de scélérats, écrit-il, qui exploite de pauvres bougres. On ne saurait situer La Calle sur une carte de géographie ; on ne découvrirait que la position du Bastion français à trois lieues de la ville ; suit une explication du motif de cet isolement : la région est malsaine à cause de grands lacs ; il est absolument impérieux de l'abandonner et de s' éloigner de ce foyer d'infection ; au cours d'un été, la contamination fut si générale et les fièvres qui se sont propagé, ont provoqué la mort d'un nombre hallucinant de victimes : sur six cent hommes que comptait la garnison, il ne sont restés que six. [...]

[...] Pourtant dans ces années-là on ignorait quel était le véritable vecteur de contamination entre les hommes et ces étendues d'eaux immobiles et empestées ; on pensait que le mal était provoqué par d'hypothétiques miasmes véhiculés par l'air à proximité des marais qu' on appelait d'ailleurs la fièvre des marais ; c'est Lavéran, un chercheur français, prix Nobel de biologie, qui à Constantine, après avoir étudier le sang d'un paludéen et avoir découvert un protozoaire[1] du type palsmodium en 1884, a établi que le transmetteur du paludisme en Algérie, était l'anophèle, la femelle du moustique. Là-dessus, l'éminent naturaliste de l'Encyclopédie, prend congé de son correspondant et lui promet de lui exposer, dans sa prochaine lettre, les pratiques commerciales de La Calle avec les maures. J'ai l'honneur d'être Protozoaire : organisme unicellulaire ; dans le cas du paludisme il est du type palsmodium, parasite retrouvé dans le sang des malades et dans celui de cinq espèces de moustiques qui transmettent tous cette infection . [...]

[...] C'est le médecin militaire Maillot qui dès 1834 soigne efficacement le paludisme par la quinine. Il avait déjà utilisé ce remède en Corse quand il est affecté à l'hôpital de Bône où le taux de mortalité des fiévreux approchait les Il procède à un large usage du nouveau médicament et le succès est tel que les malades demandent tous à être admis dans son service "où l'on meurt si peu". Position géographique de La Calle, administration et population La Calle, précise encore l'abbé Poiret, est distante de trente-six lieues ouest de Tunis ; elle est construite sur un rocher inculte et reste peu étendue bien qu‘elle soit le comptoir principal de la Compagnie Royale d'Afrique ; sa direction est formée par un agent qui a le titre de gouverneur et une quinzaine d'officiers subalternes. [...]

[...] Logements, dépendances Les femmes Le gouverneur, les officiers du bastion sont logés dans des constructions en dur ; le petit monde trouve à s'abriter dans des baraquements en planches ; l'enclave est défendue par un mur d'enceinte suffisant pour nous mettre à l'abri des insultes des maures qui n'ont comme seule artillerie que leurs fusils »précise encre l'abbé Poiret. Quant à nos fortifications, il y a une quinzaines de canons qui protègent le port, fort mal abrité des vents et des tempêtes, avec des rochers au raz des flots, très dangereux. [...]

[...] On les appelle des frégataires Il faut compter en outre des boulangers, des maçons, des charpentiers. Enfin parmi les corses et les provençaux, un certain nombre pêche le corail. La pêche du corail, sa nature Il s'agit du corail rouge de Méditerranée intensément recherché depuis l'antiquité pour l'orfèvrerie au point d'être appelé l'or rouge. Cette récolte est assimilable à une forme de vandalisme qui détruisait les fonds marins ; elle existe encore de nos jours bien que les gisements soient épuisés et qu'elle est sévèrement contrôlée. [...]