En 1777, Vivant Denon publie sa nouvelle libertin Point de lendemain. Ce dernier bénéficie de changements et de remaniements qui donnent lieu à une nouvelle édition en 1812. A l'aide d'une écriture gazée, Vivant Denon tisse avec justesse les tenants et les aboutissants du libertinage. Point de lendemain met en scène les aventures d'une nuit du narrateur, racontant les événements passés lorsqu'il était plus jeune, et de Mme de T..., une femme mariée qui a déjà un amant. En situant l'action principale de sa nouvelle sur une unique soirée, Vivant Denon met en évidence l'importance des plaisirs immédiats auxquels le narrateur lui-même ne semble pas être totalement initié.
Après avoir passé la nuit avec Mme de T... sans réaliser pleinement la situation, c'est l'arrivée du Marquis, le lendemain matin, qui va permettre au narrateur de porter un autre regard sur les événements dont il a été l'acteur.
Il convient alors de se demander de quelle façon l'extrait étudié amorce le dénouement de la nouvelle tout en se constituant en une synthèse de cette oeuvre (...)
[...] En effet, on sait qu'il a été l'amant d'une nuit de Mme de T trompant ainsi la femme qu'il aime avec une autre. Cependant, il ne réalise pas pleinement les événements qui se sont déroulés la veille : Tandis que je flottais dans ces incertitudes L'utilisation du verbe flotter connote une certaine légèreté qui traduit alors le caractère libertin et les mœurs légères du personnage. De plus, bien que le Marquis ne prête pas attention aux allusions du narrateur, ce dernier évoque les instants passés en compagnie de Mme de T . [...]
[...] Elle fait tout naître, tout sentir, et elle n'éprouve rien : c'est un marbre. Il faut t'en croire, car moi, je ne puis . Mais sais-tu que tu connais cette femme-là comme si tu étais son mari : vraiment, c'est à s'y tromper ; et si je n'eusse pas soupé hier avec le véritable . A propos, a-t-il été bien bon ? Jamais on n'a été plus mari que cela. Oh ! La bonne aventure ! Mais tu n'en ris pas assez, à mon gré. [...]
[...] De plus, le dialogue est marqué par des interruptions entre les personnages qui se coupent la parole. La prise de parole avant la fin des paroles de l'autre apparaît à trois reprises et est marquée par les points de suspension : et ma reconnaissance . Il me semble qu'il eût été plus prudent . et bien que je sois pour quelque chose dans la pièce . La narrateur coupe une fois la parole au Marquis et ce dernier la lui coupe à deux reprises. [...]
[...] Les personnages sont contrôlés ce qui confère au monde cet aspect de vaste représentation théâtrale. En outre, le Marquis reconnaît le caractère théâtral du monde en évoquant le théâtre du monde Le monde apparaît alors métaphoriquement comme un immense spectacle où se mêlent acteurs et spectateurs, chacun étant à la fois acteur et spectateur. Le monde est alors régi par le jeu théâtral. De même, les événements de l'histoire ne sont pas spontanés mais ils sont créés de toute pièce pour le bon déroulement de l'histoire : Tout est prévu j'ai pourvu à tout Les personnages évoluent et agissent en fonction d'une histoire déjà prévue, tout étant ainsi anticipé. [...]
[...] Le discours indirect libre c'était . qui . ? permet au lecteur de suivre le cheminement de pensées du narrateur. La phrase coupée et l'interrogation accentuent l'idée que le narrateur reprend ses esprits. L'arrivée du personnage du Marquis finit de ramener le narrateur à la réalité diégétique. De plus, l'absence de verbe introducteur pour les paroles du Marquis exprime ce retour un peu brutal à l'histoire. Le narrateur se voit contraint de quitter son rêve doté incertitudes pour suivre la conversation du Marquis. [...]
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