A la différence de bon nombre de ses contemporains romantiques ou, plus tard, de ses héritiers comme Rimbaud ou Verlaine, Baudelaire n'a jamais formulé de théorie poétique mais dans les appréciations qu'il a laissées sur les artistes de son temps, il est possible de lire les grands principes de sa poétique.
Le document est largement basé sur l'ouvrage "Baudelaire et la modernité poétique" de Dominique Rincé.
[...] Le contraire [ . ] serait infiniment plus vrai. (citation 1.2 - Une prosodie classique Sur le plan prosodique, Baudelaire est effectivement en retrait par rapport aux audaces de certains romantiques, ne serait-ce qu'Hugo avec ses dislocations de l'alexandrin. Baudelaire est adepte d'une métrique très sage : octosyllabe, décasyllabe ou alexandrin dont la seule originalité est parfois d'éviter la césure auditive. De même, sa syntaxe reste très respectueuse, presque prosaïque Le rythme est également peu audacieux, souvent soumis à des effets oratoires de questionnement ou d'antithèse. [...]
[...] -son admiration pour Malherbe, créateur de la poésie classique, pour ses vers synthétiques et carrés de mélodie -sa fréquentation de Poe et des ouvrages comme Philosophy of composition, The poetic principle dans lequel il admire, comme chez Gautier dira-t-il ensuite, une justesse qui ravit, qui étonne et qui fait songer à ces miracles produits dans le jeu par une profonde science mathématique. Baudelaire n'hésite donc pas à louer la justesse, la perfection, la rigueur, autant de mots hérités de la tradition classique et considérés comme garanties de cette volonté de maîtrise et d'intelligence décisive dans son œuvre. L'héritage classique est donc assumé et revendiqué chez Baudelaire. [...]
[...] 43 Harmonie du soir v 5-8 La métaphore participe aussi souvent de ce dynamisme de l'image chez Baudelaire et joue le rôle de saillie sémantique préfigurant presque certains accouplements audacieux des surréalistes : Ta gorge triomphante est une belle armoire Le beau navire 48 Mais le plus souvent, le poète en use comme un moyen de déporter le langage et de passer d'un corps à un univers, d'une sensation à une symphonie . Le soleil s'est noyé dans son, sang qui se fige Harmonie du soir 43 On comprend aisément pourquoi l'oxymore occupe également une place de choix dans cet arsenal de figures poétiques. Il est par excellent l'instrument qui permet de rassembler en une formule unique les morceaux épars du réel et les contraires. Et je buvais ton souffle, ô douceur! [...]
[...] Il retrouve le cratylisme que les romantiques invoquaient déjà et ranime le mythe d'une langue primitive qui aurait été le miroir exact des choses, dans un temps ancien et que la poésie aurait pour but de restituer. Baudelaire cherchait donc à retrouver un langage qui mime la langue originelle et confère à la poésie les marques fécondes de cette primitivité. C'est grâce aux figures d'analogie, ainsi qu'à la versification, que le poète peut tenter le rapprochement. Baudelaire emploie peu le mot de symbole auquel il préfère celui de correspondance ou allégorie Chez lui, le symbole a son sens grec de symbôlon une tuile brisée dont les ambassadeurs de deux cités liées par un traité se présentaient les moitiés complémentaires. [...]
[...] C'est aussi et surtout chez Poe que Baudelaire retrouve cette prescience extatique des merveilles situées par-delà le tombeau et ce sont ses principes qu'il reprend dans son article sur Gautier en 1859. C'est cet admirable, cet immortel instinct du beau qui nous fait considérer la terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du Ciel. La soif insatiable de tout ce qui est au-delà, et que révèle la vie, est la preuve la plus vivante de notre immortalité. [...]
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