Commentaire composé semi-rédigé sur le poème de Jules Supervielle intitulé Soyez bon pour le poète.
[...] "La casquette d'interprète" est à la fois dérisoire et cocasse (proposition finale). Le texte insiste sur les souffrances : "désert", "douloureux", "tombeaux", "pauvre corps". II) Il suggère une conception précise de l'activité poétique Le poète est là pour transcrire, traduire tous les aléas de l'âme humaine, c'est un "prophète" à la sensibilité exacerbée, il combat pour nous de manière active, il s'offre comme "le plus doux des animaux", voire se sacrifie : "donne son pauvre corps aux corbeaux". C'est grâce à lui que nous pouvons voir clair dans nos émotions. [...]
[...] L'expérience humaine étrange se traduit par l'image "il se fait notre jumeau". Il faut dépasser sa propre individualité, pour épouser des autres humains avec son "cœur" et sa "tête". La matière de la poésie, c'est la sensibilité humaine dans ce qu'elle a de plus enfoui et de moins perceptible ("infinitésimaux"). La poésie emplira ses vers et ses strophes de ce qui frémit en nous de plus impalpable. L'accent est mis sur cette source d'inspiration universelle : l'âme humaine. Elle est un travail pénible d'exploration du langage. [...]
[...] Conclusion : Comme beaucoup de poèmes de jeunesse, "Soyez bon . " reste marqué par des traditions littéraires et porte en filigranes des textes d'illustres prédécesseurs. Pourtant il fait entendre une voix bien particulière, qui masque la souffrance et l'angoisse sous le voile de l'humour, et qui refuse l'emphase pour toucher plus sûrement le lecteur d'aujourd'hui. Si le vers reste régulier et la lange "nette", Supervielle s'autorise des jeux sonores et des métaphores audacieuses qui tranchent avec le sérieux des questions évoquées. [...]
[...] Pour convaincre les lecteurs, il compose un subtil plaidoyer pour le Poète tout en révélant sa conception du travail poétique : il rejoint par là une tradition littéraire ancienne, qu'il renouvelle cependant par une écriture légère et une tonalité très personnelle. Texte : Soyez bon pour le Poète, Le plus doux des animaux. Nous prêtant son cœur, sa tête, Incorporant tous nos maux, Il se fait notre jumeau; Au désert de l'épithète, Il précède les prophètes Sur son douloureux chameau; Il fréquente très honnête, La misère et ses tombeaux, Donnant pour nous, bonne bête, Son pauvre corps aux corbeaux; Il traduit en langue nette Nos infinitésimaux. Ah! [...]
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