Commentaire composé semi-rédigé sur le poème intitulé Opéra de Jean Cocteau.
[...] Cocteau présente avec humour ce thème du poète mage : l'incise du début j'ai profité d'eux je l'avoue la tournure exclamative : Déranger les anges ! les vers les parenthèses invisible à En partenariat avec www.bacfrancais.com vous sont autant de clins d'yeux de la part de Cocteau, qui paraît s'amuser. Il semble se comporter à l'égard des puissances surnaturelles en fraudeur impertinent plutôt qu'en aventurier téméraire. Il nous apparaît comme un joueur (le verbe tricher fait explicitement référence au jeu), ainsi qu'en témoigne sa versification qui multiplie les rejets et les enjambements significatifs : vers 11-12, 15-16. [...]
[...] La même intention se retrouve dans le vers : J'ai donné le contour à des charmes informes avec une nuance cependant : il s'agit moins de dévoiler que de donner une forme à ce qui reste encore inconsistant. D'autres verbes du poème prolongent ce thème : j'ai fait voir découvrir La poésie est une découverte, parfois une création, par le biais de l'écriture : Jai fait voir en versant mon encre bleue en eux On peut noter l'importance des références à la vision : donner à voir est bien la tâche majeure du poète. Le sacré Le vocabulaire utilisé par Cocteau confère à la recherche poétique une dimension sacrée : calculs célestes Déranger les anges ! . [...]
[...] J'ai dit : Inutile de crier, haut les mains ! Au crime déguisé en costume inhumain ; J'ai donné le contour à des charmes informes ; Des ruses de la mort la trahison m'informe ; J'ai fait voir en versant mon encre bleue en eux, Des fantômes soudain devenus arbres bleus. Dire que l'entreprise est simple ou sans danger Serait fou. Déranger les anges ! Découvrir le hasard apprenant à tricher Et des statues en train d'essayer de marcher. Sur le belvédère des villes que l'on voit Vides, et d'où l'on ne distingue plus que les voix Des coqs, les écoles, les trompes d'automobile, (Ces bruits étant les seuls qui montent d'une ville) J'ai entendu descendre les faubourgs du ciel, Etonnantes rumeurs, cris d'une autre Marseille. [...]
[...] Ce poème représente une sorte d'autoportrait, dans lequel Jean Cocteau définit aussi ce que représente pour lui la poésie. C'est une sorte d'art poétique, c'est-à-dire une définition de ce que doit être la poésie. L' art poétique est un genre traditionnel, brillamment illustré par Verlaine, entre autre. Il s'efforce de nous éclairer sur les intentions et les méthodes de la création poétique. Cocteau se prête ici à cet exercice, en définissant la poésie comme une exploration du mystère et le poète comme un intercesseur. [...]
[...] Mais Cocteau reprend aussi une conception antérieure de la poésie. Depuis le XIXème siècle, en effet, il est devenu courant de voir les auteurs assigner à la poésie une fonction magique d'exploration de l'inconnu. Baudelaire et surtout Rimbaud, avec sa définition du poète voyant ont familiarisé le lecteur avec l'idée que la poésie doit découvrir l'essence des choses, ou explorer des domaines encore inconnus. Au XXème siècle, le surréalisme prolonge cette volonté de faire de la poésie un moyen privilégié de connaissance. [...]
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