C'est la beauté qui ouvre le sonnet puisque, dès le premier vers, le poète ouvre le sonnet sur cette apostrophe "beau chien" et qu'il clôt le premier quatrain sur ce constat : "et (...) ne suis pas beau chien" (...)
[...] Aussi pourra-t-on partager le jugement d'un autre poète, Ezra Pound, Corbière n'à pas inventé un procédé nouveau, il a du moins rendu au vers français la vigueur de Villon ainsi qu'une intensité à laquelle aucun français n'avait atteint pendant les quatre siècles qui séparent dans le temps ces deux poètes”. Mais derrière la dérision, derrière l'homme et “mâtiné” la souffrance n'affleure-t-elle pas avec force ? [...]
[...] Au coeur, le jeu du “sonnet, sonnette” consacre avec force la transformation. On remarquera enfin que le poète s'ingénie aussi à inverser les situations : c'est le chien qui caresse sa maîtresse, c'est la maîtresse qui le mordra -ou plutôt qui le mordrait (seul occurrence du conditionnel). La métempsycose est donc envisagée sans gravité, sur un mode essentiellement ludique comme pour souligner la volonté de Corbière de désacraliser le sonnet et plus largement la poésie lyrique et romantique dans son ensemble. [...]
[...] On s'efforcera d'en saisir les finesses en caractérisant les protagonistes qui l'animent, en explorant les voies de la métempsycose et en observant les modes sur lesquels il entend désacraliser le sonnet et même, plus largement, le lyrisme romantique. Le sonnet confronte trois protagonistes, une femme, un chien et le poète lui-même. cette confrontation s'opère à partir de trois oppositions majeures : la beauté et la laideur, la pureté et la bâtardise, la légèreté et la fidélité. C'est la beauté qui ouvre le sonnet puisque, dès le premier vers, le poète ouvre le sonnet sur cette apostrophe “beau chien” et qu'il clôt le premier quatrain sur ce constat : ( . [...]
[...] La disgrâce physique du Corbière qui se plaisait aux caricatures (il avait caricaturé la période de la Commune) est désormais ornementée; il aura une “sonnette à faveur rose” (ce qui rappelle la faveur ou ruban qu'une femme confiait à un chevalier dans les tournois) et un “collier portant Son petit nom”. Un asservissement joyeux et libérateur. On a donc pu constater que Corbière a su camper une scène ludique et joyeuse; qu'il a aussi joué habilement autour d'une croyance spiritualiste, la métempsycose, et qu'il a renouvelé la forme sacro-sainte du sonnet dix- neuviémiste en le désacralisant précisément par l'humour. [...]
[...] Corbière croise donc toutes ces dénotations pour exprimer le fait qu'être chrétien est plutôt un facteur entravant : le christianisme étant implicitement perçu comme entrave moralisatrice. Enfin, la fidélité s'oppose à la légèreté puisque la femme est qualifiée dès l'ouverture du poème de “femme légère” ce qui peut suggérer une femme entretenue, non-mariée, volage, avec, en écho, la notion seul amour fidèle Autrement dit cette femme ne peut montrer sa fidélité qu'à l'égard d'un animal domestique. C'est la raison pour laquelle le poète choisit de privilégier les voies de la métempsycose à travers la dédicace, en instaurant aussi une sorte de faux dialogue avec le chien et en remarquant la progression de sa transformation en chien qui va toujours plus crescendo. [...]
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