Analyse du poème L'Expiation de Victor Hugo.
[...] espoir suprême et suprême pensée ! ; ce dernier vers très étudié recèle un chiasme renforcé par la répétition de l'adjectif et l'allitération en De façon plus ample, la structure reflète cette intention d'accentuer par les ressources du style et du ton la grandeur d'un fait militaire connu et le pathétique de la fin du pouvoir impérial. Le poète alimente ainsi la légende populaire et littéraire qui entoure Napoléon, et dont on trouve des traces aussi bien dans les rêves des personnages de Stendhal - Julien dans Le Rouge et le Noir, Lucien dans Lucien Leuwen que de Balzac : Max et Philippe dans La Rabouilleuse. [...]
[...] Exilé par Napoléon III pour son opposition au coup d'État de décembre 1851, Victor Hugo rédige Les Châtiments, épopée dans laquelle il se moque du nouvel empereur. Dans L'Expiation il imagine même que Waterloo ne fut pour Napoléon Bonaparte que la première vengeance du ciel pour son audace, la seconde étant la médiocre parodie faite de lui par son neveu. Le récit de cette défaite a pour but de diminuer le successeur par l'évocation grandiose du mythe napoléonien, auquel Hugo, comme bien d'autres dans son siècle, n'est pas insensible : fils de général d'empire, il a dit un jour : J'aurais été soldat si je n'avais été poète. [...]
[...] La peinture, qui insiste sur le feu et la couleur rouge du cadre, renforce ces impressions visuelles dans le vers 3 par les allitérations en et l'assonance en Qu'un gouffre flamboyant, rouge comme une forge. Le personnage de Napoléon n'échappe pas à ce souffle épique. Caractérisé par sa maîtrise de la stratégie, il sent que la victoire s'échappe et réagit immédiatement par la mesure qui s'impose. Son sang- froid éclate dans le choix du terme inquiet là où un autre s'affolerait. L'image de la bataille qui pliait »entre ses mains montre qu'il domine d'ordinaire les plus grands conflits. Le terme de dieu indique la vénération des soldats pour leur chef. [...]
[...] Les horreurs de la guerre ne sont pas absentes de la description, qui s'ouvre d'ailleurs sur la mention des drapeaux déchirés qui frissonnaient On notera l'allitération en pouvant suggérer le mouvement des étoffes. Puis se déchirent les corps, avec les cris des mourants qu'on égorge tandis que tombent et se couchent les régiments sous l'artillerie ennemie. Les blessures difformes dues aux mutilations variées et l'exclamation carnage affreux! complètent le tableau, si vivant que le poète nous place en position de spectateurs : on entrevoyait . [...]
[...] Comparaisons et métaphores interviennent aussi pour donner de l'ampleur au combat : le choc de l'artillerie sur les troupes ressemble à un cataclysme naturel qui abat des murs entiers ou les moissons. Le rejet du verbe tombaient le choix pour illustrer cette chute des tambours- majors, qui sont les plus grands des soldats par leur taille rehaussée du panache, soulignent la brutalité du mouvement. Les murs expriment la solidité des troupes qui cèdent, les épis mûrs évoquent leur valeur, puisque la moisson est traditionnellement promesse d'opulence. Avec cette dernière image Hugo retrouve le thème de la mort, souvent représentée depuis le Moyen Age comme une grande faucheuse. [...]
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