La poésie française

Résumé du document

Dissertation de Littérature sur la poésie française et sur son évolution au fil des siècles et des mouvements : "Pourquoi et comment l'inspiration poétique change-t-elle ?". Le théoricien Maulnier attribue cette évolution à une volonté de purification : chaque poète de chaque mouvement souhaite atteindre la poésie la plus pure, par révolte contre le mouvement précédent.

Extraits

[...] Comment la poésie se transforme-t-elle ? Il est tout d'abord évident que si les grands thèmes ne changent pas, les us et coutumes d'un pays évoluant, les poètes évoluent avec eux et ne sont plus touchés par les mêmes choses. La poésie tend certes à dépasser l'utile, le commun, le quotidien, mais il s'agit de montrer ce quotidien sous un autre angle (inutile, beau). C'est ainsi qu'Apollinaire trouvera de la poésie dans les Soirs de Paris ivres du gin / Flambants de l'électricité alors que Les tramways feu verts sur l'échine / Musiquent le long des portées / de rails leur folie de machine Le poète doit chercher la réalité dans ce qui l'entoure, pour l'envisager dans un rapport contemplatif et le partager avec son lecteur. [...]

[...] Les romantiques préféreront à la règle le sentiment, mais l'Art pour l'Art suivi des parnassiens reviennent à la charge avec un Culte de l'art allié la rigueur de la forme. C'est le tour du symbolisme de pratiquer cette fois une rupture radicale d'avec les mouvements précédents, puisque tend à dépasser le réel dans un renouvellement des formes, formes que détruiront les surréalistes au profit du chaos de l'inconscient. Si nous suivons à titre d'exemple l'évolution de la rime, qui passe des vers holorimes à la phrase de Boileau La rime est une esclave et ne doit qu'obéir phrase reprise par Victor Hugo, fidèle à la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce générateur de notre mètre qui retrouvera son autorité d'antan avec les parnassiens, pour rechuter après L'Art poétique de Verlaine, nous pouvons sérieusement nous demander d'où provient cet esprit de contradiction acharné. [...]

[...] Vivre consiste à agir. A la lumière de cette réflexion de Bergson, nous sommes mieux à même de comprendre la réponse du critique ici étudier à ce perpétuel besoin de renouvellement que manifeste la poésie : Il provient de la volonté toute française de la purification (soit d'un éloignement maximal d'avec la vie utile), nous répond-il, remarquant avec raison que la poésie française ne parle pratiquement jamais de la France. La France est le pays des fées, de Geneviève et de Jeanne, elle tient dans son poing droit l'épée angélique qui fait reculer les grandes hordes dévastatrices, Attila et les Musulmans, elle délivre Jérusalem et ravage Constantinople, elle a ses rois saints et ses corsaires, saccage et ébloui l'Europe, et dans chaque siècle trouve le temps de fonder et de perdre un Empire. [...]

[...] se demande Bergson, Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-même, je crois bien que l'art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l'unisson de la nature. C'est peut-être là le fameux secret de la poésie dont parle Maulnier, qui en fait un acte magique né de la distance tragique entre les hommes et leur réalité. Quelle fée a tissé ce voile ? Fut-ce par malice ou par amitié ? [...]

[...] Pour finir, nous instituerons le langage, essence de la poésie, comme cause intrinsèque à la rébellion des poètes français, qui ont bâti un monde Où les serpents géants dévorés des punaises / Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! un monde aussi dont J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades / Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants. Maulnier attribue ainsi la révolte incessante contre la génération précédente à la passion de la pureté qui anime le poète français, cet effort pour donner au poème le pouvoir d'agir poétiquement sur la totalité de son contenu Voyons à présent ce qui peut lui inspirer pareille idée. [...]