Commentaire composé sur une des chansons de Boris Vian, elle s'intitule <em>A tous les enfants</em>.
[...] Les anaphores frappent d'emblée le lecteur : la formule dédicatoire : A tous les enfants se détache du reste des vers (v.1 et 5). De même, la solennité du début est accentuée par la répétition du vers 4 au vers 8 : Je voudrais faire un monument Les vers 12 et 13 reprennent la formule en écho, à travers une anaphore : Un monument de . On remarque que le rythme est dans l'ensemble plutôt binaire, car les répétitions sont associées par deux, et certains vers sont nettement marqués à la césure (coupure rythmique en milieu de vers) par un effet de parallélisme : Pas de pierre, pas de béton Plein de rires, plein d'oiseaux bleus (v.16). [...]
[...] La pointe finale, Des larmes de honte et de boue marque le résultat de cette humiliation et le renversement de l'ordre des choses : ceux qui dominaient la situation en période de guerre sont dominés par le poète. Transition : Ce texte montre donc tour à tour deux états d'âme successifs. D'abord ému par le sort des enfants soldats, le poète est ensuite violent à l'égard des responsables de la guerre. Ce changement d'attitude est également perceptible à travers la musicalité du texte. [...]
[...] Enfin, nous pourrons nous interroger sur les fonctions de cette chansonmonument Lecture A tous les enfants qui sont partis le sac à dos Par un brumeux matin d'avril Je voudrais faire un monument A tous les enfants Qui ont pleuré le sac au dos Les yeux baissés sur leurs chagrins Je voudrais faire un monument Pas de pierre, pas de béton Ni de bronze qui devient vert Sous la morsure aiguë du temps Un monument de leur souffrance Un monument de leur terreur En partenariat avec www.bacfrancais.com Aussi de leur étonnement Voilà le monde parfumé, Plein de rires, plein d'oiseaux bleus Soudain griffé d'un coup de feu Un monde neuf où sur un corps qui va tomber Grandit une tache de sang Mais à tous ceux qui sont restés Les pieds au chaud, sous leur bureau En calculant le rendement De la guerre qu'ils ont voulue A tous les gras tous les cocus Qui ventripotent dans la vie Et comptent et comptent leurs écus A tous ceux-là je dresserai Le monument qui leur convient Avec la schlague avec le fouet Avec mes pieds avec mes poings Avec des mots qui colleront Sur leurs faux-plis sur leurs bajoues Des larmes de honte et de boue. Boris Vian, A tous les enfants ventripoter : verbe crée par B. Vian sur l'adjectif ventripotent (qui a un gros ventre). schlague : coups de baguette ; punition en usage autrefois dans l'armée allemande. faux-plis : pliures qui ne devraient pas exister. En partenariat avec www.bacfrancais.com Etude L'expression des sentiments personnels de l'auteur A tous les enfants est un poème qui laisse une grande part à l'expression des sentiments personnels de Boris Vian. [...]
[...] En effet, le poète ne parle jamais directement de la guerre ou des soldats. A la lecture des premiers vers, on pourrait croire qu'il évoque la rentrée des classes. Le fait de désigner les soldats par le mot enfants associé à l'expression sac au dos met en avant leur jeunesse. La formule de dédicace A tous les enfants évoque les expressions qui figurent en haut des monuments aux morts A nos enfants ou Aux enfants morts pour la France mais par connotation, c'est leur innocence et leur vulnérabilité qui sont surtout mises en avant. [...]
[...] Il est simpliste de faire croire que la Deuxième guerre mondiale aurait été simplement orchestrée par une poignée de profiteurs machiavéliques gras et bureaucrates, aux dépens du reste de la population. En effet, à cette époque, il s'agissait surtout de combattre le nazisme . Cette simple chanson rejoint donc les ambitions des poètes les plus anciens : échapper au temps qui passe, mais c'est aussi une chanson militante, dont le côté provocateur et pacifiste n'est pas sans rappeler Le Déserteur qui est le plus grand succès de Boris Vian. [...]
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