Poèmes Saturnien, Verlaine, romantisme, prologue, épilogue, Saturne, Baudelaire, impressionnisme, satirisme, poète, imaginaire, créativité
L'extrait que nous allons étudier ouvre l'épilogue. S'en suivra la suite du poème, dans lequel Verlaine pousse l'allégeance à l'école parnassienne jusqu'à lui emprunter ses images familières de sculpture laborieuse et de ciselure méticuleuse, non sans ironie. Il s'applique cependant à déconstruire le mythe du poète maudit, livré corps et âme, malgré lui, à l'aliénation et la volupté créatrice : foin de l'inspiration, des « troubles opportuns » et des « transports complaisants ». Ce qui fait le poète « C'est l'obstination et c'est la volonté ! C'est la volonté sainte, absolue, éternelle, Cramponnée au projet comme un noble condor », déclare-t-il au sein de l'épilogue. Pourtant, le début de ce même poème marque des influences éminemment romantiques.
[...] Tout en s'inspirant de ses prédécesseurs, Verlaine manifeste un véritable désir de nouvelles formes poétiques. C'est pourquoi il est impossible de le « classifier ». En effet, la verticalité que l'on croit discerner au sein de notre extrait est niée par la suite de l'épilogue : l'idée du poète penché sur une table, qui travaille avec labeur pour produire ses créations. Ainsi, ce lacis d'influences, emprunts de distance et de malice, ainsi que l'audace de la versification, marqueront le génie propre de Verlaine. [...]
[...] Ainsi, nous pourrons nous demander : au sein de cet extrait, Verlaine perpétue-t-il les formes romantiques, ou au contraire, rompt-il avec les conventions ? Afin de répondre au mieux à cette problématique, nous procéderons en trois temps : tout d'abord, nous étudierons l'imaginaire et les codes propres au romantisme présent dans cet extrait. Ensuite, nous nous pencherons sur l'ambivalence de la nature célébrée. Enfin, nous nous demanderons en quoi Verlaine se démarque de ses prédécesseurs, par la création d'une forme poétique qui lui appartient. [...]
[...] Cet effet de « chassé-croisé » est complexe, puisque la contradiction ne s'inscrit pas exclusivement dans les attributs humains ou dans l'antithèse de l'homme et de la nature, mais bien au sein de la nature elle-même également. De même, dans « Le frais balancement des ramures chenues », « frais balancement » s'oppose à « ramures chenues », l'un évoquant la jeunesse, et l'autre au contraire, l'âge mûr. Dans le premier vers, « Le soleil, moins ardent, luit clair au ciel moins dense », la répétition « moins » forme une méiose : en s'amenuisant, la nature se transforme et devient mère. [...]
[...] S'en suivra la suite du poème, dans lequel Verlaine pousse l'allégeance à l'école parnassienne jusqu'à lui emprunter ses images familières de sculpture laborieuse et de ciselure méticuleuse, non sans ironie. Il s'applique cependant à déconstruire le mythe du poète maudit, livré corps et âme, malgré lui, à l'aliénation et la volupté créatrice : foin de l'inspiration, des « troubles opportuns » et des « transports complaisants ». Ce qui fait le poète « C'est l'obstination et c'est la volonté C'est la volonté sainte, absolue, éternelle, Cramponnée au projet comme un noble condor », déclare-t-il au sein de l'épilogue. [...]
[...] Cette irrégularité pourrait retranscrire l'arbitraire des mouvements de la nature, aux apparences régulières et stables, mais pouvant changer brutalement, sans qu'on ne puisse jamais ni saisir, ni anticiper, ni systématiser son mouvement. Le dernier vers apparaît comme le réceptacle de l'instabilité rythmique de l'ensemble du poème : « Tout aujourd'hui console et délivre. - Pensons » : enjambement, coupure insolite, suppression de l'élision du e muet. Ce dernier vers brise définitivement le rythme du poème et produit ainsi un effet de chute qui nous invite à nous questionner sur ce « Pensons ». [...]
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