Au même titre que C. Baudelaire, G. Apollinaire ouvre la voie à la poésie moderne : transfigurateur de la forme poétique au moyen de calligrammes (Calligrammes, 1918) et rénovateur du langage quotidien par son œil espiègle (Qui a fait pleurer les saules riverains, « Mai », Alcools, 1913), il est tout aussi moderne sur le fond que sur la forme. Ainsi, dans « Zone » qui ouvre le recueil Alcools, ce surréaliste avant l'heure célèbre la ville à travers la figure de la Tour Eiffel ou encore des sténo-dactylographes. La femme, muse, occupe un rôle fondamental dans son œuvre. Elle est notamment incarnée par Louise de Coligny, une des amantes du poète auquel il destine un recueil, Poèmes à Lou. Envoyés presque quotidiennement depuis le front, ces poèmes sont autant de lettres d'amour éploré, Louise se refusant à visiter son amant depuis le début de la guerre. « Si je mourais là-bas » prend ainsi la forme d'une lettre d'adieu à une femme indifférente, celle d'un soldat qui sent la mort approcher.
[...] Cependant, il semble que la mort d'Apollinaire soit plus précisément destinée à une personne, Lou. L'anaphore en Je rougirais (vers 12 et 13) semble ainsi exprimer un acte de préservation de cette femme par le sang du poète. Lettre d'adieu, ce poème est également lettre d'amour de par l'ode qui y est faite à la jeune femme : la répétition de l'interjection invocative ô aux vers 1 et 26 traduit l'admiration du poète pour elle tandis que l'évocation de parties sensuelles de son corps bouche cheveux jolis seins roses v et 13) exprime, avec un érotisme propre aux écrits d'un soldat isolé, l'amour physique qu'éprouve le poète à son égard. [...]
[...] Apollinaire : "Si je mourais là-bas . " Objet d'étude : La poésie Sujet : Si je mourais là-bas . Poèmes à Lou, G. Apollinaire Au même titre que C. Baudelaire, G. Apollinaire ouvre la voie à la poésie moderne : transfigurateur de la forme poétique au moyen de calligrammes (Calligrammes, 1918) et rénovateur du langage quotidien par son œil espiègle (qui a fait pleurer les saules riverains, Mai Alcools, 1913), il est tout aussi moderne sur le fond que sur la forme. [...]
[...] Dans son recueil Les Fleurs du Mal, il brosse le portrait de femmes aussi ambivalentes qu'irrésistibles, source de plaisir, mais promesse de douleur. [...]
[...] Ensuite, nous étudierons comment sa mort est transfigurée par son imaginaire. Commençons par étudier la situation dans laquelle se trouve le poète. Elle est très simplement exposée au vers 1 : Si je mourais là-bas sur le Front de l'armée Cette proposition introduit dès lors la douleur du poète : l'adverbe là-bas témoigne du caractère inhospitalier de la guerre pour le poète. Celui-ci est renforcé par l'emploi d'un vocabulaire martial dans l'ensemble du premier quintil : front de l'armée meurt obus . [...]
[...] Cet assombrissement du poème dû à la notion de mort dans ce poème est également notable au vers 27 : La nuit descend Ainsi, Si je mourais là-bas . fait bel et bien le récit d'une situation tragique, car il est empreint d'une forme de fatalité comme le montrent la présence du nom destin et l'adjectif fatal La mort du poète, ainsi rendue inévitable, lui est d'autant plus difficile qu'il mourra oublié. Lou, à qui il destine une lettre par jour sinon plus est en effet une femme légère, tenant plus à la condition d'amant d'Apollinaire qu'à sa personne, l'oubliant ainsi dès qu'il n'est plus en mesure de remplir ses fonctions. [...]
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