Jules Supervielle (1884-1940), auteur de romans, de pièces de théâtre et de poèmes, quitte la France pour son pays natal, l'Uruguay, au début de la Seconde Guerre mondiale. Il ne tourne pas pour autant le dos aux événements et consacre un recueil poétique à la guerre, "Poèmes de la France malheureuse (1939-1945)". Le poème "Paris", composé de six quatrains d'hexasyllabes, est consacré à un événement précis: devant l'avancée des Allemands, les autorités françaises déclarent, en 1940, Paris "ville ouverte".
[...] De plus, les deux participes passés qui sont mis en valeur à la rime évoquent l'un et l'autre l'enfermement. Celui-ci s'inscrit à la fois dans l'espace du haut d'un puits et dans le temps jour et nuit La surveillance était déjà suggérée dans la strophe précédente grâce aux verbes de perception regardée» et Écoutent Ainsi, Paris, en s'ouvrant à l'ennemi, s'est livrée prisonnière. [C. Une parole menacée] Le danger qui rode est tel que la parole elle-même semble menacée: le temps n'est plus aux grandes phrases. [...]
[...] Jules SUPERVIELLE, Paris Poèmes de la France malheureuse (1939- 1945) [Introduction] Jules Supervielle (1884-1940), auteur de romans, de pièces de théâtre et -de poèmes, quitte la France pour son pays natal, l'Uruguay, au début de la Seconde Guerre mondiale. Il ne tourne pas pour autant le dos aux événements et consacre un recueil poétique à la guerre, Poèmes de la France malheureuse (1939-1945). Le poème Paris composé de six quatrains d'hexasyllabes, est consacré à un événement précis: devant l'avancée des Allemands, les autorités françaises déclarent, en 1940, Paris ville ouverte Nous verrons dans un premier temps comment le poète suggère la menace qui pèse sur la capitale et sur sa culture; puis, dans un second temps, nous montrerons qu'il affirme la nécessité du changement comme refus de la soumission. [...]
[...] La richesse d'un patrimoine] Ce que remet en cause l'ouverture de Paris aux armées allemandes, c'est la richesse d'un patrimoine. Ce dernier apparaît intrinsèquement lié à la ville de Paris, à son architecture, comme le montre l'harmonie sonore dans le vers 14 Si bien pris dans la pierre Il s'agit d'une histoire ancienne vieux bruits Tous les siècles français qui unit autour d'elle un peuple. Ainsi, nous notons dans le poème la récurrence du pronom personnel de la première personne qui manifeste l'union nous quitter nous trahir Notons que la première référence au passé est associée aux bruits à ce qui s'entend. [...]
[...] Cette retenue évoque une merveille de la poésie française qui refuserait de rester pareille en ces temps sombres. De même, alors que les quatre premières strophes forment chacune une unité de sens, les deux dernières sont unies par un enjambement de la cinquième sur la sixième strophe. L'absence de ponctuation et la longueur de la phrase rappellent le rythme de la prose et le vers prend ses distances par rapport à une forme versifiée traditionnelle, merveille / qui préfère mourir Ainsi, continuer ce qui a été fait depuis des siècles est impossible: ce serait trahir. [...]
[...] Il ne désigne pas l'armée allemande comme la menace qui pèse sur Paris. Il recourt au contraire à des formulations vagues. L'utilisation de la métonymie et du pluriel des yeux ennemis De nouvelles oreilles de têtes / D'un pays étranger») suggère un danger insaisissable, dont la présence envahit tout sans que l'on puisse lui résister efficacement. La voix passive, récurrente dans le poème Te voilà regardée / Par des yeux ennemis La Seine est surveillée montre que l'ennemi contrôle tout mais reste dans l'ombre, qu'il n'a pas le courage de s'avancer dans la lumière pour un combat loyal. [...]
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