LITTERATURE MEDIEVALE
COMMENTAIRE COMPOSE
« Bien me plaît le gai temps de Pâques » de Bertrand de Born
[...] Il est vrai que le poème qui nous intéresse « Bien me plaît le gai temps de Pâques » démontre bien le caractère volontiers belliqueux de celui qui fut seigneur d'Hautefort. Comment le poème de Bertrand de Born inscrit-il la joie dans un contexte médiéval d'affrontements territoriaux ? C'est par l'appel de la saison du printemps que le troubadour valorise l'ardeur guerrière et chante son admiration dans un poème enlevé. La saison du printemps se pose d'emblée comme une saison entraînante. Au Moyen Age, c'est le cycle des saisons qui rythme la vie quotidienne. [...]
[...] Et les anaphores au début des vers et 15 renforcent cette joie. Cette belle saison est évoquée à travers un champ lexical très présent. Tout d'abord la périphrase du premier vers « le gai temps de Pâques » évoque la saison, puis de nombreux termes renvoient à la nature printanière et son renouveau : « qui fait feuilles et fleurs venir » (vers ; quant à « bocages » du vers « prés » du vers 6 et « campagne » du vers 9 ils renvoient à une nature sujette à l'évocation du combat. [...]
[...] Les cinq strophes du poème sont suivies de trois vers isolés à leur suite, comme une sorte de motivation qui s'adresse aux « Barons » vers 51. De plus l'utilisation de l'impératif présent dans ce même vers « mettez en gage » est gage de l'implication politique du troubadour dans la guerre menée. L'utilisation du décasyllabe donne aussi un rythme particulier au poème. Ce vers est le plus souvent découpé asymétriquement en 4+6 : « Et il me plaît / quand je vois après eux » vers 10 et « Et quand je vois / l'armée sur le rivage » vers 18, mettant ainsi en valeur le sens de la première partie du vers, mais on trouve aussi des découpages 5+5 comme au vers 31 « Masses et épées, / heaumes de couleur ». [...]
[...] Cette musicalité se retrouve aussi dans la régularité des rimes employées. Le modèle suivi est celui-ci : ABBA CDDC EE, prémisse du sonnet qui sera utilisé de manière classique à partir du XVI° siècle, notamment par Clément Marot, et qui comporte deux quatrains et deux tercets. Les rimes embrassées puis suivies forment un écho sonore en fin de vers, qui revient de manière régulière sur l'ensemble des strophes et ajoute de la musicalité au poème. Cette forme poétique est joyeuse et se couple aux répétitions, comme celles citées des deux premières strophes, pour évoquer la chanson. [...]
[...] Les sens de Bertrand de Born sont en éveil, notamment ceux de l'ouïe et de la vue. Le champ lexical de l'ouïe s'exprime avec « j'entends la joie » au vers « des oiseaux qui font retentir » au vers 4 et « leur chant » au vers 5. La grâce du chant des oiseaux a la faculté de séduire et insiste sur la joie du poète. De même parallèlement sa vue est stimulée avec « je vois [ . [...]
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