Le poème se présente comme la quête d'ego, quête qui prend la forme d'une poursuite dans l'écriture du poème, notamment par le vocabulaire employé : « m'essouffler aux marches ». Mais cette poursuite s'essouffle lorsqu'elle se met en scène. Tout commence par « Perdre le Midi quotidien », comme s'il s'agissait de perdre tout repère habituel. On dit souvent que pour se guider, il suffit de se fier au soleil, notamment au soleil de midi. Perdre sa route habituelle, celle que l'on emprunte chaque jour : c'est-à-dire laisser derrière soi, ou plutôt de côté, cette route qui ne mène qu'à la monotonie et à l'éternel recommencement. Changer de point de vue. Se défaire de soi-même pour mieux se retrouver. Partir à la rencontre de l'autre, c'est d'abord découvrir notre propre altérité, et seul l'art permet cette rencontre.
[...] Il faut également savoir prendre le temps : m'attarder en ce jardin S'arrêter. Faire une pause. Saisir l'instant, le moment, la fulgurance de la situation et de la parole. L'évanescence des choses, de la Beauté. Le moment de la jouissance, de l'infinie jouissance qui devient éternelle grâce à l'écriture. Et enfin apprendre à se retourner sur soi, son passé : revenir parfois en arrière Revenir pour mieux repartir. Emporter notre part de passé, qui fait de nous ce que nous sommes. [...]
[...] Segalen reprend les thèmes de chaque stèle suivant son orientation, pour aboutir à une apothéose, au centre, à quelque chose qui serait autre, à cette altérité qui se révèlera être soi-même : Tout confondre, de l'orient d'amour à l'occident héroïque, du midi face au Prince au nord trop amical Ce centre se présente comme extrêmement complexe, puisque catalyseur de toutes les autres directions : pour atteindre l'autre, le cinquième, centre et Milieu Création de quelque chose de nouveau, inexistant, auquel on croit. C'est parce que nous ne le connaissons pas et ne le comprenons pas. Mais notre moi est là, c'est-à-dire partout. Rechercher soi dans l'autre. Rechercher l'autre dans soi-même. Ce moi est alors un moi un et unique, qui comprend cependant toutes ses singularités, et qui n'est plus sujet à une déchirure, une dichotomie comme dans le texte Moi et Moi de Segalen. Renouement ? Réconciliation ? Trouvaille ? [...]
[...] Tout commence par Perdre le Midi quotidien comme s'il s'agissait de perdre tout repère habituel. On dit souvent que pour se guider, il suffit de se fier au soleil, notamment au soleil de midi. Perdre sa route habituelle, celle que l'on emprunte chaque jour : c'est-à-dire laisser derrière soi, ou plutôt de côté, cette route qui ne mène qu'à la monotonie et à l'éternel recommencement. Changer de point de vue. Se défaire de soi-même pour mieux se retrouver. Partir à la rencontre de l'autre, c'est d'abord découvrir notre propre altérité, et seul l'art permet cette rencontre. [...]
[...] Comme si elle était créée ex- nihilo. Segalen énumère les personnes et les liens qui nous unissent à elles : Tout cela amis, parents, familiers et femmes, tout cela, pour tromper aussi vos chères poursuites C'est cela qui crée la société. Comme si tout cela était factice. Ce n'est qu'un alibi à notre poursuite. Ce n'est pas cela que nous cherchons dans notre course effrénée nous nous cherchons nous-mêmes, mais nous nous cachons cette vérité par ce masque que nous impose la vie sociale. [...]
[...] C'est de l'ordre de l'écriture du brouillon, de la fêlure. La course folle se poursuit : trébucher ingénument parmi ces rochers factices Trébucher ingénument fait penser à la course folle de l'enfant qui trébuche mais continue de courir, ne se pose pas de question, vit le moment. Il ne cherche pas de sens. Il ne se demande pas si c'est le bon chemin. Ce qui est important, ce n'est pas le précipice, mais le moment du passage, de l'instabilité comme quand on trébuche. [...]
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