poème, recueil, Corps et biens, 1926, Robert Desnos, J'ai tant rêvé de toi, rêve, réalité, lyrique
Lecture analytique du poème "J'ai tant rêvé de toi"
Lorsque Desnos écrit A la mystérieuse, il vient de rencontrer Yvonne George qui lui inspire les poèmes amoureux de Corps et biens. La mort de la jeune femme est contemporaine de la sortie du recueil. Elle en reste une des figures tutélaires, femme adorée mais insensible à la plainte du poète. Mystérieuse, ténébreuse, elle est célébrée alors qu'elle ne cesse de se dérober au poète. Yvonne George = chanteuse célèbre au répertoire mélancolique. Elle est une incarnation tragique du lyrisme. Tuberculeuse et opiomane, en proie à des déchirements intérieurs, elle ne peut répondre à l'amour de Desnos, mais elle entretient soigneusement le sentiment qu'il a pour elle.
[...] Mais le risque est grand de s'y perdre, et de perdre l'autre : l.7-8 / l.11-14 / l.16-18 Il ne me reste plus ( . ) qu'à être fantôme parmi les fantômes, et plus ombre 100 fois que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie Dans la réalité, le je est livré à l'apparence mais la satisfaction du rêve expose au risque de la durée : il n'est plus temps sans doute que je m'éveille (l.10) qui évoque une mort que le mot fantôme dénote clairement. [...]
[...] Poème "J'ai tant rêvé de toi" - Recueil "Corps et biens" (1926), Robert Desnos Introduction - Contexte du poème Lorsque Desnos écrit A la mystérieuse, il vient de rencontrer Yvonne George qui lui inspire les poèmes amoureux de Corps et biens. La mort de la jeune femme est contemporaine de la sortie du recueil. Elle en reste une des figures tutélaires, femme adorée mais insensible à la plainte du poète. Mystérieuse, ténébreuse, elle est célébrée alors qu'elle ne cesse de se dérober au poète. [...]
[...] Il s'adresse à elle directement : on relève de nombreux pronoms personnels l.1/ toi, l.1) ; adjectifs possessifs (ton ombre l.4/ ton corps l.5/ ton fantôme l.15). On note le balancement constant des deux 1ères personnes du singulier. Ce balancement se retrouve dans la structure du poème, organisé symétriquement en deux parties de même taille autour de l'exclamation lyrique O balances sentimentales l.9 Le poète l'interpelle d'ailleurs, l'apostrophe! question rhétorique): l.1- Est-il encore temps d'attendre . chère ? L'anaphore «J'ai tant rêvé de toi» l et 15 accentue encore l'intensité de l'interpellation. [...]
[...] Problématique Comment cette tension entre le rêve et la réalité permet-elle au poète d'entrer en relation avec la femme évanescente ? Plan La répétition contre l'absence Une incantation à la femme aimée La femme aimée réduite à une image évanescente II) Rêve ou réalité de la femme aimée La femme aimée réelle est inaccessible Le rêve comme espace voué à l'amour III) Le poète fantôme et la parole incarnée Le parti du rêve et de la désincarnation L'universalité du sujet lyrique La répétition contre l'absence Une incantation à la femme aimée le texte se construit comme une incantation à la femme aimée. [...]
[...] Le texte figure le déséquilibre des balances sentimentales et construit une spirale dans laquelle est emporté le rêveur, et que rendent sensibles les reprises lexicales à la fin du poème : fantôme l.15-17 / ombre l.16 / promène-promènera l.17-18 L'universalité du sujet lyrique La résolution en effet, prend le parti du rêve et de la désincarnation qui était le constat initial. Le poème accède ainsi à une tonalité troublante, où le lecteur se trouve entraîné dans une hésitation quasiment hypnotique, dans la mesure où toute la logique affichée ne sert en fait qu'à créer la possibilité d'une surréalité de l'amour, où les limites se brouillent. Le je se désincarnant devient lui-même impersonnel. Fantôme il atteint du même coup, l'universalité du sujet lyrique. Il permet au lecteur de se laisser lui-même emporter à sa suite. [...]
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