Ce poème en prose que nous offre Victor SEGALEN est un hymne, essentiellement masculin prononcé par un homme de son temps, dans un langage convenu, à l'idée d'une jeune fille dont le sort est scellé (...)
[...] En ce sens, il considère que les jeunes filles sont plus intéressantes qu'une jeune fille. A - Ce poème, malgré quelques tentatives lexicales innovantes, conserve dans sa structure la forme traditionnelle des poèmes en prose, voire même du théâtre classique. Hélant des magistrats, dont on ne sait exactement à qui il fait précisément allusion, Victor SEGALEN, s'adresse, sans nul doute, à ceux qui détiennent le pouvoir, l'argent et inévitablement à ceux qui vivent avec ces femmes respectables et figées, ornées de bijoux de prix, maquillées à l'extrême. [...]
[...] La jeune fille à laquelle il s'adresse ne vaut pas la peine qu'on s'adresse à elle comme une personne, bien qu'il l'interpelle de manière personnelle À celle Celle à laquelle il parle n'existe pas. Ce n'est qu'un état transitoire, qui ne vaut que parce qu'elle est éphémère, elle est désincarnée, elle n'existe que parce qu'elle n'est pas et par les désirs qu'elle n'a pas. Il véhicule de la jeune fille une image particulièrement passéiste, surtout pour un médecin de 34 ans, cette jeune fille n'a d'existence qu'au travers d'un futur mariage, elle a qui tous les maris du monde sont promis et ne paraît exister qu'au travers de cet espoir, qu'au travers d'une proche maternité, celle qui a des seins et qui n'allaite pas et qui va tout enfanter peut-être et surtout elle est celle qui ne sera bientôt plus vierge. [...]
[...] Elle rejoindra alors la cohorte de celles qui ont à se préoccuper de leur aspect, de leurs corps et de leurs enfants, mais qui s'inscrivent dans la réalité. Conclusion : Poème de son temps, poème d'un médecin, poème d'un homme immature, bien que marié, poème en définitive pessimiste Éloge à la jeune fille dont le sens et l'évocation des attraits d'une jeune fille en devenir, voire même dans la forme du poème, n'est pas sans rappeler, la Consolation à M. du Perrier sur la mort de sa fille de MALHERBE, puisqu'après tout, les roses vivent ce que vivent les roses, l'espace d'un matin. [...]
[...] Éloge de la jeune fille V. SEGALEN Introduction Extrait de Stèles orientées et du recueil Stèles cette œuvre de Victor SEGALEN se réfère aux stèles chinoises dédiées à l'amour, selon le poète. Elle renvoie en l'espèce à l'Orient, l'Est, qui, selon lui, dans la mythologie chinoise caractérise les stèles chinoises consacrées à l'amour. Malgré les idéogrammes chinois dont il est orné et la tentative de former au travers d'une versification faisant apparaître selon l'auteur une structure de pierre levée, il n'est fait aucune référence spécifique ni au travers du vocabulaire, ni par l'intermédiaire de références historiques particulières à l'Empire chinois, auquel pourtant il serait étroitement lié, dans la mesure où écrit en chine, publié en chine, il représente le tribu de Victor SEGALEN à ce pays qu'il affectionne tant. [...]
[...] Peut-être faut-il voir en ces femmes, celles des dignitaires chinois de l'époque qui apparaissent sans vie, figée, cruelles et aussi recroquevillées sur elles-mêmes que leurs pieds bandés. Le vocabulaire qui accompagne la description de l'hommage que ces personnages rassis vouent à ces femmes mariées se réfère directement au vocabulaire architectural et même à celui de la construction, il évoque les arcs triomphaux les routes le ciment le faux marbre et la boue séchée pour dresser les mérites de ces dames respectables cette accumulation de termes reproduisant la matière ayant pour but d'une part de dénoncer le caractère construit, artificiel de l'hommage rendu aux épouses qui n'est pas spontané et joyeux, mais lourd et sans grâce et d'autre part de décrire l'aspect artificiel de la beauté de ses femmes dont le maquillage s'écaille comme de la boue séchée Puis, utilisant un procédé de théâtre classique, l'orateur qui soudain se parle à lui-même pour faire connaître ses propres sentiments, se démarque profondément des personnages respectables de la première strophe auxquels en aucun cas il ne veut être assimilé, pour faire valoir sa propre conception de la vraie beauté, en nous prenant à témoins sur ce qui une évidence seule la vraie jeune fille mérite l'admiration. [...]
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