Les personnages mythiques inspirent de nombreux auteurs qui se les approprient à leur manière. C'est ici le cas de Don Juan. Dans cet extrait de la nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly "Le plus bel amour de Don Juan", l'auteur réécrit ce personnage mythique. D'emblée, nous constatons que le personnage de Ravila de Ravilès est le portrait de Don Juan "l'incarnation de tous les séducteurs".
Le narrateur omniscient nous permet également de cerner son caractère et de le mettre en relation avec celui du mythique Don Juan "l'impassibilité de l'orgueil". De plus, l'introduction précédant cet extrait nous met aussi sur la voie en nous présentant brièvement Ravila de Ravilès : il apparaît effectivement comme un comte qui s'était fait offrir un souper par douze anciennes maîtresses, ce qui nous montre bien sa popularité auprès des femmes.
[...] Cette réécriture de Don Juan à travers Ravila de Ravilès est dotée du même caractère qui le personnage mythique et par conséquent respecte son parcours et reste dans l'idée du grand séducteur qui un jour se voit vieillir. [...]
[...] Bien que Ravila de Ravilès porte très bien ces cheveux blancs : il les portait, du reste, avec l'impassibilité de l'orgueil surexcité par la puissance les femmes s'en soucient : les regardaient parfois avec mélancolie Cette nuance entre Ravilès et les femmes signifie qu'il n'est pas à part entière ce qu'il est vraiment sans elles : il ne peut détenir la même notoriété sans ces femmes, ce qui met en valeur leur importance et conserve l'orgueil de Ravila de Ravilès. Par la suite, nous remarquons qu'il existe une analogie entre les cheveux blancs qui symbolisent la vieillesse et la faiblesse qui saisit Ravila et le Commandeur de marbre blanc qui annonce l'enfer. On peut supposer qu'ici le blanc est la couleur de la mort qui d'ordinaire est le noir dans certaines sociétés. [...]
[...] Le prince de Ligne ne pouvait faire entrer dans sa spirituelle tête qu'Alcibiade n'eût jamais eu cinquante ans. Or, par ce côté là encore, le comte de Ravila allait continuer toujours Alcibiade. Comme d'Orsay, ce dandy taillé dans le bronze de Michel-Ange, qui fut beau jusqu'à sa dernière heure, Ravila avait eu cette beauté particulière à la race Juan, à cette mystérieuse race qui ne procède pas de père en fils, comme les autres, mais qui apparaît, çà et là, à de certaines distances, dans les familles de l'humanité. [...]
[...] " Le plus bel amour de Don Juan Jules Barbey d'Aurevilly - " Ce que je venais de dire à la vieille marquise Guy de Ruy était l'exacte vérité . " Texte Ce que je venais de dire à la vieille marquise Guy de Ruy était l'exacte vérité. Il y avait trois jours à peine qu'une douzaine de femmes du vertueux faubourg Saint-Germain (qu'elles soient bien tranquilles, je ne les nommerai pas lesquelles, toutes les douze, selon les douairières du commérage, avaient été du dernier bien (vieille expression charmante) avec le comte Ravila de Ravilès, s'étaient prises de l'idée singulière de lui offrir à souper, - à lui seul d'homme - pour fêter . [...]
[...] Le narrateur continue de mettre en valeur cette exception en définissant Raviès et Don Juan comme état une race unique : cette beauté particulière à la race Juan qui ne se transmet pas par les liens du sang et qu'on ne retrouve que très rarement : ça et là ( ) dans les familles de l'humanité Elle se caractérise par une beauté qualifiée d' »insolente, joyeuse, impériale Ainsi, dans cette nouvelle, Jules Barbey d'Aurevilly, en transposant le personnage de Don Juan, en conserve les principaux traits de caractère. Il en garde également le parcours, en tant que séducteur et comme nous allons le voir, conserve également la fin de la vie de Don Juan, notamment l'épisode du souper avec le Commandeur. Nous remarquons que l'auteur emploie l'adjectif juanesque dérivé de Juan, pour qualifier la beauté de Ravila de Ravilès. [...]
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