Commentaire analytique de niveau Lycée de la session Les Planches courbes de Yves Bonnefoy. Trois grandes parties expliquent le texte, son sens grâce à la biographie de l'auteur, aux figures mythologiques et aux techniques d'écriture. La troisième partie s'ouvre au recueil intégral en vue de prouver que Les Planches courbes sont à considérer comme un récit fractal.
[...] Par extension, "emancipare" signifie "affranchir de l'autorité paternelle". Le père est donc une figure définie depuis les débuts du langage à laquelle on assigne la "force", soit la protection, et "l'autorité", "auctaritas" en latin qui signifie "faire croître". Le père est donc prédéfini pour être celui qui aide à grandir, éduque, "celui qui prend en main" ("manceps"), qui "maintien" dans le droit chemin (Dictionnaire Etymologique du Français, Jacqueline Picoche, Le Robert). Le passeur place l'enfant "sur ses épaules" et prend ainsi la charge de son éducation et de sa protection selon l'expression "porter sur ses épaules le poids de" ou encore "épauler". [...]
[...] Il est vu comme un récit universel, intemporel de manière à ce que chaque homme puisse s'y plonger comme dans un passé retrouver et s'identifier au dur combat que d'être en vie, enfant issu de parents, adulte inachevé. Plus qu'un simple récit, le poète livre une philosophie métaphysique qui se veut par ailleurs, autobiographique. Bonnefoy révèle implicitement ses propres douleurs, sa propre histoire en cherchant par le rêve à revivre un amour filial perdu et laissé en suspend. [...]
[...] "le fleuve", dans la mythologie grecque représente la possibilité universelle, le symbole de la fertilité, de la vie et de la mort. Traverser un fleuve pour gagner une rive revient à osciller entre deux états, deux mondes et se battre pour grandir. Ici, l'enfant semble devoir affronter les eaux profondes et abondantes de la vie pour atteindre l'âge adulte. C'est alors que le passeur l'aide à échapper à la mort, à l'enfance. Ainsi, Bonnefoy a utilisé le décor en vue de créer un rêve, une spiritualité profonde qui, quand on s'y penche, ne représente en rien la réalité matérielle du monde. [...]
[...] - Oh, je ne sais pas.") et ne sais ce qu'est un père (qu'est-ce que Plus que l'innocence, la naïveté et la sensibilité de l'enfant, c'est en réalité, la blessure de la perte, propre à un seul qui transparaît. Bonnefoy trouve ainsi un moyen implicite de parler de lui-même, de sa propre expérience. Et sur le modèle du voyage initiatique, l'homme apprend à l'enfant ce qu'est un père, une mère : "celui qui te prend sur ses genoux quand tu pleures, et qui s'assied près de toi [ . "il y a ces jeunes et douces femmes, dit-on, qui allument le feu [ . [...]
[...] Privé de son père, Bonnefoy ne sait nullement comment peut et doit agir un père et exprime sa souffrance, née de cette ignorance. Une fois ces notions apprises, l'homme prend l'enfant "dans ses vastes mains", "le place sur ses épaules" et lui fait des recommandations bienveillantes :"Tiens-toi bien fort à mon cou L'auteur rêve ici tout ce qu'il n'a pas eu : l'autorité paternelle, la prise en charge, le soutien. La traversée commence alors que la barque "quitte la rive" et l'enfant sur les "épaules" de l'homme se souvient qu'un père est "celui qui te prend sur ses genoux" et fait le lien entre les mots et la situation : tel est l'apprentissage du langage. [...]
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