Pierre et Jean comme expérience nouvelle de l'adultère : Pierre découvre l'infidélité de sa mère et la bâtardise de son frère, sur fond de retraite au Havre et c'est son angoisse qui occupe une large part du roman marin, qui se conclue sur sa dissolution, par noyade symbolique, dans la mer.
Possibilité d'étudier le « motif de la mer » d'un point de vue pictural, alors qu'elle semble simple paysage, dans laquelle on place les personnages et qui offre de riches moments descriptifs à l'écrivain, puisque des navires voguent à sa surface avec des jeux de lumière. La mer est-elle vraiment un simple motif ? C'est-à-dire un élément paysager que l'on choisit pour sa richesse visuelle (marines de Turner, Monet, Boucher...) puisqu'il se réinvente un peu à chaque représentation ? Maupassant ne l'utilise-t-il qu'en arrière-plan ou pour cadrer le récit, lui donnant alors un rôle, alors que la mer revient de manière épisodique ?
[...] La mer, d'abord, peut se limiter à un paysage pictural, marqué par quelques éléments remarquables, à l'image des navires qui la parcourent, mais elle gagne très vite une qualité structurante, en rythmant le récit, et en débordant de son cadre puisqu'elle est promesse d'avenir. La mer, d'abord, n'est pas une surface égale et elle devient fragmentée grâce à l'utilisation prononcée de métonymie (a). Elle fonctionne aussi parfois comme un paysage d'arrière-plan, qui rythme les scènes entre elles, en les découpant en épisodes distincts (b). Enfin, la mer est une surface pleine de potentialité qui invite à sortir du « cadre » (c).
a. L'art de la métonymie, une mer fragmentée et multiple
Traitée apparemment comme toile de fond, la mer est ponctuée d'éléments-clefs qui assurent sa présence permanente dans le quotidien des personnages. On touche ici à la mer « retraite », celle calme et lieu du repos du père Roland.
- La mer existe à la fois comme étendue d'eau, comme frontière vers l'inconnu et par ses différents espaces (jetée, plage, rochers, eau, sable) et les entités qui la peuplent ou la parcourent (hommes et navires).
[...] - A de nombreuses reprises, l'analogie peut être faite entre la relation houleuse de Pierre et de sa mère, qui dérive lentement au loin et l'espace de la mer, grâce au jeu d'homophonie. Pierre lui-même utilise différentes images marines (p 102) : son coeur est noyé sous le chagrin et l'amour qu'il porte à sa mère ; l'âme de sa mère lui semble plus transparente et claire que l'eau. (...)
[...] Utilisant des métaphores filées tout au long du texte, il décrit parfois sur de longs passages la mer. - La mer, cependant, dépasse le simple paysage saisi par le peintre, ou ici l'écrivain, puisque Maupassant en fait un personnage à part entière, qui précipite l'issue du roman en emportant au loin Pierre. Autour de cette question d'une mer motif, succession de pistes de réflexion : . Quelle mer évoquons-nous ? Est-ce simplement une étendue d'eau ou comprend-elle les espaces alentours comme le sable de la plage, les zones rocailleuses ? [...]
[...] De même, la jeune femme est incapable de contempler au loin les bateaux comme le lui propose Roland, alors qu'elle a été femme de capitaine. - A la page 47, l'alignement des mats des bateaux ressemble à un grand bois mort une forêt sans feuilles cette verdure qui est parfaitement absente du roman pour n'être rythmé que par le mouvement régulier des marées. - L'épisode des gravures chez Mme Rosémilly est intéressant car il peut fonctionner comme une mise en abyme du récit principal. [...]
[...] Première interprétation possible de la mer : une toile de fond qui joue sur le hors-cadre. II) Peindre sur le motif : la mer comme sujet pictural qui s'émancipe La mer, loin d'être un simple arrière-plan est un véritable sujet qui permet de multiplier les images littéraires. Creuset d'une forme de création, la mer devient un outil métaphorique, pour les personnages qui évoluent avec elle et elle interfère dans le cours du roman, en se faisant adjuvant. L'exercice de contemplation de la mer, d'abord, génère des images nombreuses grâce à ses capacités réfléchissantes L'utilisation d'images marines permet aussi de métaphoriser le drame humain, au cœur du roman Enfin, la mer n'est plus seulement objet mais aussi actrice, en intervenant dans le cours houleux de l'intrigue a La contemplation du motif pictural, un creuset littéraire : La mer, bien sûr, est sujette à métaphores nombreuses et elle se fait elle-même univers en se confondant avec le ciel, gagnant une nouvelle spatialité. [...]
[...] On touche ici à la mer retraite celle calme et lieu du repos du père Roland. - La mer existe à la fois comme étendue d'eau, comme frontière vers l'inconnu et par ses différents espaces (jetée, plage, rochers, eau, sable) et les entités qui la peuplent ou la parcourent (hommes et navires). - D'entrée de jeu, aussi, elle n'a pas la même fonction auprès des personnages. Roland s'en fait propriétaire 35) et aime pêcher alors que Mme Rosémilly n'aspire qu'à la promenade. [...]
[...] Les deux fois où la mer vient au-devant des personnages (cri dans la nuit, idée de La Lorraine), elle le fait par un bruit, celui de la sirène. - Les images monstrueuses, étudiées ci-après, donnent une dimension organique et humaine à la mer. Elle n'est plus une surface plane mais décomposées en organes humains. Les bateaux se font bouches ; les phares, yeux - L'idée d'un paysage humain n'est pas sans évoquer la conception impressionniste du paysage. Monet disait : Je travaille comme jamais et à des tentatives nouvelles, des figures en plein air comme je le comprends, faites comme des paysages. [...]
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