Le Plaisir du texte, Roland Barthes, lumières, dimension artistique du texte, critique du genre théâtral, processus d'écriture, sincérité de l'auteur, Marguerite Duras, mouvement surréaliste, André Breton, implication de l'écrivain, oeuvre fraternelle, psychanalyse, psychocritique, théorie freudienne, Alfred de Musset, Bettelheim, Jean-Claude Grumberg, autobiographie, Rouvroy de Saint-Simon, Annie Ernaux, témoinage historique, mise en scène théâtrale, Marquise de Sévigné, Barthes
« La Philosophie des Lumières avait sacré l'Homme de Lettres [...]. Le spiritualisme du XIXe siècle sacre le Poète », affirme Paul Bénichou en 1973 dans son ouvrage Le Sacre de l'écrivain, 1750-1830, Essai sur l'avènement d'un pouvoir spirituel laïque dans la France moderne. L'écrivain se voit revalorisé à travers un « sacre », il est tel un démiurge et il paraît impensable de le séparer de son oeuvre. Roland Barthes infirme ce postulat la même année dans Le Plaisir du texte : « Une oeuvre ne peut rien garder de la "bonne foi" de son auteur ».
D'après Roland Barthes, une personne qui s'attache à publier ses productions écrites ne devrait pas y placer son intériorité au risque de rendre son écrit faux comme ceux théâtraux, et cette présence devrait s'effacer dès le processus d'écriture. Or, si la présence de la personne qui rédige un texte rendait ce dernier artificiel bien qu'il soit le produit de celle-ci, et donc d'une partie nécessaire de son intériorité et de son imagination, ne serait-ce pas son absence qui le rendrait superficiel ?
[...] Ainsi, comme Roland Barthes le suggère, la présence de « l'auteur » peut faire obstacle à « l'authenticité » de son « œuvre » s'il cherche à illusionner le lecteur en créant tout « un système » qui ne serait qu'une mise en scène « théâtrale ». Toutefois, il est également un socle sur lequel peut se reposer « l'œuvre » en tant qu'il est partie intégrante de cette dernière et qu'il le témoin d'une société cherchant alors à représenter « authentiquement » son époque. [...]
[...] Une « œuvre » n'est donc pas le produit de l'intimité de « l'auteur » ou de « l'écrivain » qui se laisse parfois dépasser par le texte, mais plutôt de sa culture. C'est pour cela que tout « œuvre » où apparaîtrait « l'auteur » ne résulte qu'à une mise en scène « théâtrale ». Ainsi, le risque que représente l'implication de l'écrivain dans son texte est qu'il ne cherche non plus à écrire une œuvre littéraire mais à l'utiliser comme moyen de se mettre en valeur. Louis de Rouvroy de Saint-Simon dans L'Intrigue du mariage de M. le duc de Berry, Mémoires est le protagoniste puisque se sont ses mémoires. [...]
[...] Ces « œuvre[s] fraternelle[s] » le sont parce qu'elles rentrent en écho avec un temps, une société. A ce titre, « l'écrivain » « affiche » une époque. Il ne cherche pas seulement à représenter sa réalité mais à évoquer celle de tout le monde. L'ouvrage de Alfred de Musset, La Confession d'un enfant du siècle s'ouvre sur l'affirmation de l'auteur qu'il ne va pas parler de lui : « pour écrire l'histoire de sa vie, il faut d'abord avoir vécu ; aussi n'est ce pas la mienne que j'écris ». [...]
[...] Elle serait donc en apparence une épistolière en tant qu'elle ne serait qu'une femme de la Cour qui écrit des lettres ce qui est courant au XVIIe siècle. De plus, cette dimension épistolaire et d'expression de son intimité est mis en exergue par son non-emprunt au type à « 5 soles ». En effet, elle ne suit pas un manuel comme une poétique de la lettre courtoise à l'époque classique, mais elle suit un « libertinage de plume » comme elle le qualifie elle-même. Ses lettres sont davantage l'expression de son intimité qu'elle ne cherche pas à être bien vue mais à affirmer son propre style. [...]
[...] L'auteur en ayant conscience de mettre une partie de lui dans son œuvre ne serait plus vrai, ce qui va de paire avec le doute qu'a Roland Barthes quant à « la « bonne foi » » et à « « l'authenticité » » des auteurs. Le « moi profond » qui représente la personne de l'auteur dans son intimité la plus totale, ses qualités comme ses défauts est remplacé par le « moi social » dès qu'il a conscience de parler de lui, il cherche à attirer une opinion positive sur lui, une persona soit un moi mis en scène tel un acteur sur une scène de théâtre qui devient son personnage. [...]
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