Commentaire rédigé sur le poème de Charles Cros Plainte en s'aidant du parcours de lecture suivant : L'opposition de deux mondes incompatibles et la désillusion et la solitude du poète.
[...] L'auteur attire notre attention sur le monde de la modernité que les inventions de l'homme ont fait évoluer. On relève ainsi la métonymie du gaz mentionnée deux fois (vers 2 et qui désigne l'éclairage aux becs de gaz, nouveauté à cette époque et symbole de la modernité urbaine. Le poème dégage une image de la ville sans ordre ni hiérarchie : tout y est mouvement, désordre, un vrai bric-à-brac, brouillon avéré par la juxtaposition d'éléments hétéroclites (vers 8 : journaux boutiques vers 10 : Opéra réclame Dans la description violente de cet univers, l'auteur ajoute des sensations fortes, visuelles d'abord : vers 9 la foule auditives ensuite : vers 9 les éclats de voix et tactiles enfin, suggérées par le vers 14 : brûlé À cette description statique, désordonnée et violente, s'ajoute une dynamique tout aussi artificielle et frénétique. [...]
[...] Dans ce paysage organisé campagnard, l'auteur décrit, aux vers 15 et 16, un premier plan imaginaire occupé par une présence féminine. Il y associe alors des sensations agréables de douceur : visuelle d'abord, sollicitée par les couleurs ; olfactive avec les monts aromatiques (vers ; et sensitive avec la caresse du vent (vers 15). Ce tableau calme et sensuel est le lieu d'une vie heureuse et calme. Ici, la présence humaine est absente : seul le poète semble y résider. Loin d'être déshumanisée, son identité est matérialisée par une multitude de je souvent en début de vers. [...]
[...] La vie s'y trouve indolente, calme et lente (vers 5). Cette léthargie se trouve renforcée par le rythme lent et paisible des vers 5 et 6 prolongés par un enjambement et des vers 15 et 16. Cet équilibre et cette harmonie s'expriment aussi dans les groupes binaires des vers 6,7 et 11. Mais dans ce monde-là, l'auteur laisse place au choix évoquant la liberté, le bonheur paisible et le rêve qu'y vit l'habitant. On relève ainsi les conjonctions de coordination qui proposent une alternative ou ou bien ou les oppositions positionnelles qui marquent la variété : on est sous les bois verts ou sur les monts aromatiques (vers de même qu'on est loin ou près (vers 7 et en Orient ou au pôle (vers 7). [...]
[...] Deux mondes opposés, que rien ne semble pouvoir rapprocher, laissent ainsi le poète déchiré. Il ne peut alors qu'exhaler ses états d'âme et ses sentiments et donc sa Plainte Dès le premier vers du poème, l'auteur se marginalise par la métaphore du vrai sauvage seul, face à la parisienne (vers 4). Il se présente ainsi comme s'il était d'une autre race, d'un autre monde : égaré (vers il n'a aucun repère. Tout au long du poème, Charles Cros utilise la première personne du singulier, montrant ainsi la lutte qu'il doit en permanence mener contre un monde hostile et un amour qui le torture, personnifié par la deuxième personne du pluriel et face auquel il est seul (parfois rappelé sous la forme d'un pronom objet : vers m'attirent à la mort Au vers 11, il tente de s'imposer pour revendiquer son existence par le pronom personnel insistant moi Cependant, le combat est perdu : si c'est bien le je qui ouvre le poème, celui-ci se clôt au vers 16 sur l'image de la femme : vous vos Ainsi se marque la solitude du poète, contre les autres, contre la femme et contre lui-même. [...]
[...] Moi, j'oublie, à vous voir, les rochers et les bois, Je me tue à vouloir me civiliser l'âme. Je vous ennuie à vouloir le dire si souvent : Je mourrai, papillon brûlé, si cela dure Vous feriez bien pourtant, vos cheveux noirs au vent, En clair peignoir ruché sur un fond de verdure ! Charles Cros, Le Coffret de santal Gaz : l'éclairage au gaz était alors une nouveauté, symbole de la modernité urbaine Le pronom vous renvoie à la femme aimée Ruché : orné d'une bande de dentelle plissée ou froncée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture