Ce monologue d'Angélique se trouve à un moment charnière de sa trajectoire dans la pièce. C'est en effet sa dernière apparition avant qu'elle n'annonce sa retraite au couvent. Cette scène intervient donc après une série de désillusions qui poussera Angélique à cette décision.
On se rappellera qu'après avoir été délaissée une première fois par Alidor, elle s'était tournée par dépit vers Doraste. Alidor l'avait alors séduite à nouveau dans l'unique but de la céder par tromperie à son ami Cléandre. Mais celui-ci enlèvera Philis en lieu et place d'Angélique, qui, charmée une fois de plus par son amant, tentera de fuir à ses côtés. Il faudra l'intervention du malheureux Doraste pour mettre fin à cet embryon d'escapade. Angélique se retrouve alors seule, torturée par les remords, l'amour et la désillusion. Elle exprime ses sentiments et son malheur dans le monologue qui est le sujet de ce travail.
Pour analyser ce monologue sous l'angle de la rhétorique, il s'agit tout d'abord de déterminer à quel genre ce texte appartient. Ici la question n'est pas aussi claire qu'elle peut l'être dans un monologue comme celui de Valère (Horace, sc. 2, acte V). En effet, ce texte peut sembler appartenir tour à tour aux trois genres. On peut tout d'abord considérer qu'il relève du genre judiciaire. Angélique y accuse Alidor, se défend et prononce son propre verdict.
On peut également défendre le point de vue selon lequel ce monologue est du genre délibératif, puisqu'il s'agit ici pour Angélique de prendre une décision. L'hypothèse selon laquelle le genre de ce texte serait l'épidictique n'est pas non plus à être écartée trop vite : en effet, Angélique y fait appel aux questions d'honneur et de déshonneur, de louange et de blâme, ainsi que de sympathie et de haine. Mais on peut également soutenir la thèse inverse, à savoir que ce monologue n'appartient à aucun des trois grands genres rhétoriques.
[...] Les deux autres pôles du triangle sont les conseillers, qui déploient tout leur talent oratoire pour faire valoir une des deux solutions possibles” Marc Fumaroli, Héros et orateurs, rhétorique et dramaturgie cornéliennes, éd. Droz, p Marc Fumaroli, Héros et orateurs, rhétorique et dramaturgie cornéliennes, éd. Droz, p et que d'autre part, le thème de ce monologue n'est pas l'avantage ou le dommage, que sa fonction n'est pas l'exhortation ou l'avertissement et que les émotions sollicitées ne sont ni la peur ni l'espérance. [...]
[...] Nous manquons l'un et l'autre également de foi, Si j'ose l'appeler lâche, traître, parjure, Ma rougeur aussitôt prendra part à l'injure, Et les mêmes couleurs qui peindront ses forfaits, Des miens en même temps exprimeront les traits.” A ce moment-là, son désespoir est tel, qu'elle n'a pas le courage de se défendre elle-même, acceptant du même coup la tyrannie que lui impose Alidor. C'est en effet une chose terrible que de ne pas avoir une figure à laquelle imputer tous les crimes de l'univers. Angélique se ferme alors sur elle-même, ne pouvant sortir de ce drame qui l'habite. Ainsi, si non seulement c'est sa condition que d'être malheureuse, et qu'en plus les fautes à l'origine de son mal lui sont imputables, la situation est sans issue. L'emploi des temps verbaux est à ce titre intéressant: “Qu'accuserai-je ici d'Alidor, ou de moi ? [...]
[...] C'est en effet sa dernière apparition avant qu'elle n'annonce sa retraite au couvent. Cette scène intervient donc après une série de désillusions qui poussera Angélique à cette décision. On se rappellera qu'après avoir été délaissée une première fois par Alidor, elle s'était tournée par dépit vers Doraste. Alidor l'avait alors séduite à nouveau dans l'unique but de la céder par tromperie à son ami Cléandre. Mais celui-ci enlèvera Philis en lieu et place d'Angélique, qui, charmée une fois de plus par son amant, tentera de fuir à ses côtés. [...]
[...] La métaphore du sport n'est pas fortuite, on peut même la développer: Celui qui a déjà pratiqué un sport quel qu'il soit, de préférence un sport d'équipe, sait à quel point les temps morts sont précieux. Ce sont ces moments hors de l'action, hors du jeu, hors de la temporalité, où une voix extérieure, celle de l'entraîneur, permet de prendre le recul nécessaire pour mieux apprécier la situation. Elle permet d'objectiver le débat, de décontextualiser la problématique et reconcentrer les forces vers un même but. Ce monologue serait ainsi un temps mort, hors de l'action de la pièce, où l'agir d'Angélique se voit critiqué et redéfini par une instance extérieure au flux des passions humaines. [...]
[...] La place Royale de Corneille, Acte IV, scène 8 : le monologue d'Angélique Acte IV, scène 8 dans place Royale”, Corneille Monologue d'Angélique Table des matières: I INTRODUCTION II ANALYSE 1 - Rhétorique Exorde Narration Confirmation Péroraison 2 - Enonciation III CONCLUSION . p p p p p p p p p I INTRODUCTION “Dure condition de mon malheur extrême, Si j'aime on me trahit, je trahis si l'on m'aime. Qu'accuserais-je ici d'Alidor, ou de moi ? Nous manquons l'un et l'autre également de foi, Si j'ose l'appeler lâche, traître, parjure, Ma rougeur aussitôt prendra part à l'injure, Et les mêmes couleurs qui peindront ses forfaits, Des miens en même temps exprimeront les traits. [...]
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