Annie Ernaux fait paraître en 1984 son roman La Place. Ce roman, narrant de manière socio-biographique l'histoire de son père et de l'agonie jusqu'à la mort de celui-ci, ne paraît que dix-sept ans après que les événements décrits se soient déroulés.
Dans ce roman, Annie Ernaux montre combien la relation entre un père et une fille peut être affectée par la distance socio-culturelle qui s'établit progressivement entre eux.
Et ce n'est pas anodin si l'auteure pose en épigraphe de son roman la citation de Jean Genet : « Je hasarde une explication : écrire c'est le dernier recours quand on a trahi. » car celle-ci semble contenir toutes les clefs de son roman et de sa relation avec son père. Mais de qu'elle trahison s 'agit-il et que voudrais signifier précisément cette citation appliquée à l'oeuvre d'Annie Ernaux ? Et puis quelle technique utilise-elle pour écrire sans trahir à nouveau ?
[...] La distance qui s'est établit entre le père et la fille est le cœur même du roman. Mais cette distance ne semble pas due à une 1 défaillance de la fonction paternelle, car de nombreux passages décrivent un père aimant, on le découvre en particulier accablé par la douleur quand sa première fille meurt. (p. Cette distance apparaît donc au moment de l'adolescence lorsque la fille intègre progressivement la norme langagière que lui transmet l'école et les valeurs ‘‘bourgeoises'' que celle-‐ci véhicule. [...]
[...] Dissertation : ERNAUX, La Place Introduction Annie Ernaux fait paraître en 1984 son roman La Place. Ce roman, narrant de manière socio-‐biographique l'histoire de son père et de l'agonie jusqu'à la mort de ne paraît que dix-‐sept ans après que les évènements décrits se soient déroulés. Dans ce roman, Annie Ernaux montre combien la relation entre un père et une fille peut être affectée par la distance socio-‐culturelle qui s'établit progressivement entre eux. Et ce n'est pas anodin si l'auteure pose en épigraphe de son roman la citation de Jean Genet : Je hasarde une explication : écrire c'est le dernier recours quand on a trahi. [...]
[...] 97) Ainsi l'écrivain, qui a déjà trahit l'héritage légué par son père, veille à ce que l'écriture ne soit pas la trahison transposée de la vie dans l'écriture. (Annie Ernaux dans Annie Ernaux ou l'autobiographie en question). Conclusion Annie Ernaux dans La Place assimile son ascension sociale à un acte de trahison envers son milieu d'origine, dont son père incarnait le mode de vie et les valeurs. Alors comme dernier recours quand on a trahit elle entreprend le récit de la vie de son père comme une tentative de rachat, qui passera par la reconnaissance de cet héritage paternel. [...]
[...] (p.23) C'est ce passage d'une classe sociale à une autre que l'auteure semble concevoir comme un acte de trahison. Seulement, n'était-‐ce pas, tout compte, fait le vœu de son père : ( ) l'espérance que je serais mieux que lui (p.74) ? En réalité, la véritable trahison apparaît plutôt comme l'oubli, voire le reniement des origines, de la narratrice. Mais alors comment remédier à cette trahison ? Annie Ernaux semble alors s'atteler, comme dernier recours quand on a trahit à l'écriture de La Place. [...]
[...] Elle se borne alors à raconter les faits, sur le ton du constat et non du jugement. Cette écriture plate est aussi une marque évidente de la distance qui s'est instaurée à partir de l'adolescence entre la narratrice et son père. Mais si, en changeant de classe sociale, la jeune fille a eu l'impression de trahir ses parents, comment l'écriture peut-‐elle alors éviter de reproduire ce même geste ? Au lieu de faire du langage un usage qui la distinguerait et la séparerait de ses parents, Annie Ernaux créé un style qui annule, à ses yeux, la distance sociale et qui permet la réconciliation avec son milieu d'origine. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture