Dans Pierre et Jean, Maupassant raconte comment un événement inattendu, l'arrivée soudaine d'un héritage, sème le trouble dans une famille d'apparence très unie jusque-là. Le titre du roman est constitué des prénoms des deux frères, entre lesquels existe une rivalité que l'héritage exacerbe. Le déroulement du récit prend la forme d'une véritable enquête menée par Pierre, à la recherche d'une vérité qu'il souhaite et redoute à la fois.
Le début de Pierre et Jean narre une scène dont le procès est déjà entamé. Le premier mot du roman, une interjection, est aussi le signal d'un changement de situation. Le lecteur découvre alors des personnages réunis sur un bateau pour une partie de pêche. L'alternance de récit et de dialogue lui permet de découvrir des éléments relatifs au contexte et aux personnages sans qu'il sache encore quelle en est l'importance.
[...] II donne au texte une grande vivacité et une véritable authenticité. Le récit II crée une alternance avec le dialogue, auquel il apporte toutes sortes de précisions. II est fait par un narrateur qui sait tout de ses personnages, de leur passé immédiat ce que ne connaît pas le lecteur, de leurs liens familiaux et affectifs, des lieux où ils se trouvent, des raisons pour lesquelles ils s'y trouvent. Le récit est mené au passé (verbes à l'imparfait ou au passé simple) ce qui situe l'histoire à une époque non précisée. [...]
[...] Celle-ci est caractérisée par le silence, l'immobilité, le sommeil. On remarque en effet l'existence, tout au long du texte, d'un champ lexical du sommeil et de l'assoupissement, soulignant l'état antérieur des personnages. Pour les uns il s'agit d'immobilité : le père Roland est qualifié d'immobile pour les autres, le sommeil est exprimé ou suggéré par assoupie se réveilla réveillée Le changement de situation est accentué par des notations temporelles et négatives comme plus du tout" Ça ne mord plus du tout Depuis midi je n'ai rien pris Les marques qui notent le changement sont indiquées tantôt par le narrateur, tantôt par les personnages. [...]
[...] Le discours informatif. La scène de pêche. Le récit d'une scène entrecoupée de dialogues apporte au lecteur un certain nombre d'informations. Ce qu'il apprend concerne surtout le présent immédiat, le passé très récent et les personnages, pris dans l'actualité de la scène de pêche. Les données spatio-temporelles Elles sont données de manière progressive, en désordre. C'est au lecteur de reconstituer les morceaux. II apprend ainsi que la scène se situe à proximité de l'eau les yeux fixés sur l'eau une information qui est précisée par l'indication à l'arrière du bateau par le verbe embarquer par les termes spécifiques bâbord et tribord qui appartiennent au lexique de la marine. [...]
[...] Conclusion Le lecteur qui découvre le roman Pierre et Jean se trouve être, brusquement, le témoin privilégié d'une scène familiale prise en plein déroulement, et qui le laisse un peu perplexe. II se demande en effet ce qui va suivre, sans avoir d'idée précise à ce sujet. Tout au plus peut-il se dire que l'harmonie familiale laisse transparaître quelques tensions sousjacentes. Mais rien ne l'oriente réellement dans cette direction. II a donc tout à découvrir et surtout la relation entre le titre et les deux frères. [...]
[...] Mme Roland s'était tout à fait réveillée et regardait d'un air attendri le large horizon de falaises et de mer. Elle murmura : Vous avez cependant fait une belle pêche. Mais son mari remuait la tête pour dire non, tout en jetant un coup d'œil bienveillant sur le panier où le poisson capturé par les trois hommes palpitait vaguement encore, avec un bruit doux d'écailles gluantes et de nageoires soulevées, d'efforts impuissants et mous, et de bâillements dans l'air mortel. Commentaire composé. [...]
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